Après une croissance organique de 7% sur six mois, le groupe a dit anticiper, lors d'une conférence téléphonique, une progression assez similaire pour les six prochains mois.

Son directeur financier Luca Marotta a également chiffré à 7-8 millions d'euros l'impact négatif sur le bénéfice net de la hausse de l'euro face au dollar et réaffirmé les ambitions du groupe de fortement réinvestir une partie de ses résultats dans la promotion et la publicité de ses marques.

Le cognac "XO" (qualités supérieures d'eaux-de-vie d'au moins six ans) fait notamment l'objet d'investissements publicitaires accrus pour mieux concurrencer celui du poids lourd Hennessy, propriété de LVMH, et celui de Martell, détenu par Pernod Ricard.

"Ces trois éléments ont créé une certaine déception", commente Trevor Stirling, analyste de Bernstein.

Ceux de Brian Garnier notent que "le parcours du titre et sa valorisation laissent peu de place à une nouvelle progression".

En juillet, Rémy Cointreau avait déjà calmé les attentes du marché concernant les effets de la croissance du cognac sur son résultat opérationnel 2017-2018.

En Bourse, le titre cède 1,44% à 13h30, accusant la troisième plus forte baisse de l'indice SFB 120 (+0,01%).

La valeur qui signe une progression de plus de 30% depuis le début de l'année, se traite sur des multiples de 31,8 fois les bénéfices estimés pour 2018, un niveau proche des valorisations les plus élevées du luxe (Hermès à 35,7 fois) et très supérieur à celui de LVMH, numéro un mondial du luxe (22,5 fois) ou de Diageo, leader des spiritueux (20 fois).

"PLUS DE PLACE DANS LES RAYONS AUX USA"

Rémy Martin, qui compte pour 80% des profits du groupe, a vu sa croissance organique encore grimper de 13,2% au deuxième trimestre, bouclant le premier semestre sur une progression de 15,4%.

Comme ses concurrents, la marque profite d'un fort rebond de la demande en Chine auprès des classes moyennes-supérieures, après des années de vaches maigres liées aux mesures anticorruption de Pékin.

Portées par les eaux-de-vie les plus chères, comme XO et Louis XIII, cognac ultra haut de gamme à 3.000 dollars (environ 2.500 euros) et par une édition limitée de 500 carafes magnum baptisées "The Legacy" et vendues 10.000 euros pièce, les ventes en "Grande Chine" (Hong Kong et Macao compris) ont dégagé une "très solide croissance à deux chiffres" au deuxième trimestre.

Aux Etats-Unis, devenus le premier marché de Rémy Martin, la marque a renoué avec la croissance après un premier trimestre pénalisé par des achats anticipés pour cause de hausses de prix.

Hennessy, leader mondial du secteur, y a quant à lui vu ses ventes reculer en volume, pénalisé par une pénurie de stocks de "VS" (eaux-de-vie les plus jeunes) après de très fortes croissances de ses ventes dans le pays.

Cette pénurie constitue une "opportunité" pour Rémy Martin, a estimé Luca Marotta, soulignant qu'il y aurait "davantage d'espace dans les rayons car il y a moins de 'VS' à vendre".

Le groupe, repositionné exclusivement sur le segment du luxe, s'est fixé pour objectif de réaliser plus de 60% de ses ventes dans les produits à plus de 50 dollars la bouteille (contre 51% aujourd'hui et 45% en 2015) à l'horizon 2019-2020.

Il a confirmé son objectif de croissance de son résultat opérationnel courant pour l'ensemble de l'exercice 2017-2018, à taux de change et périmètre constants.

La croissance organique a atteint 6,2% au deuxième trimestre de l'exercice au lieu des 5% prévus par les analystes.

Les chiffres de Pernod Ricard sont attendus le 19 octobre.

(Edité par Dominique Rodriguez)

par Pascale Denis