Le propriétaire de Rémy Martin, de Cointreau et du rhum Mount Gay, récolte les fruits de sa stratégie de positionnement sur le segment très haut de gamme et d'une nouvelle distribution en Chine.

Après des années plombées par les mesures anti-corruption de Pékin, ses ventes de cognac ont redémarré en Chine, où le groupe a signé une croissance de plus de 10% grâce au "Club" vendu autour de 80 dollars, au succès de la première boutique dédiée à Louis XIII, cognac ultra haut de gamme à 3.000 dollars (environ 2.500 euros) et au lancement d'un site de ventes en ligne.

"Les ventes sont vraiment de retour en Chine, en particulier pour les qualités supérieures" a déclaré Valérie Chapoulaud-Floquet, directrice générale du groupe, devant les analystes.

Elles ont aussi bien résisté aux Etats-Unis, dans un marché moins favorable au luxe. "Quand le cycle économique est porteur, les consommateurs américains préfèrent investir dans leur logement ou dans une voiture", a-t-elle précisé.

Le résultat opérationnel courant du groupe a bondi de 26,7% à 226,1 millions d'euros à l'issue de l'exercice clos le 31 mars, un chiffre supérieur aux 211,5 millions du consensus des analystes réalisé par la société.

A données constantes, sa hausse a atteint 13,8%, au lieu des 10,6% prévus, tandis que la marge opérationnelle a progressé de 1,5 point à 20,7%, atteignant avec trois ans d'avance les objectifs que s'était fixé le groupe.

Porté par un effet de mix-prix très favorable, Rémy Martin, principal centre de profit du groupe, a vu sa marge bondir de 460 points de base à 26,2%.

LOUIS XIII, UNE "BONNE AFFAIRE"

La directrice générale s'est dite "très confiante" dans la capacité du groupe à attendre l'objectif fixé pour 2019-2020 de réaliser plus de 60% des ventes dans les produits à plus de 50 dollars la bouteille (contre 51% aujourd'hui et 45% en 2015), un segment à la fois plus porteur de croissance et plus rentable.

Pour Louis XIII, vendu par l'intermédiaire de "personal shoppers" dédiés, le potentiel est "très important" dans les quelques grandes villes ciblées par la marque, notamment aux Etats-Unis, premier marché mondial du luxe et des spiritueux.

"Oui, 3.000 dollars c'est cher en soi, mais comparé à un produit de luxe, c'est une bonne affaire", a dit Valérie Chapoulaud-Floquet, évoquant aussi la nécessité de relever les prix de Louis XIII comme de Rémy Martin, sans plus de précision.

Fort de ces chiffres, Rémy Cointreau a révisé à la hausse ses prévisions, tablant désormais sur une marge opérationnelle courante comprise entre 21,5% et 22,5% à l'horizon 2019-2020, contre 18%-20% précédemment.

Il a aussi dit anticiper une nouvelle année de croissance de son résultat opérationnel en données constantes pour 2017-2018.

Ces chiffres, salués comme solides par les analystes, ont été bien accueillis par le marché, le titre Rémy Cointreau gagnant 1,75% à 98,97 euros, alors que l'indice SBF 120 prenait 0,11% vers 13h30.

Valorisé comme un acteur du luxe, le titre se traite sur un multiple de 32,5 fois les résultats estimés du prochain exercice, contre 19,8 pour Pernod Ricard et 20,2 pour le britannique Diageo, numéro un mondial du secteur.

Le résultat net hors éléments exceptionnels a progressé de 10,5% en données constantes, le résultat net part du groupe de 73,5% et le dividende a été relevé de 3,1% à 1,65 euro.

Grâce à une forte génération de trésorerie, qui a plus que compensé le coût d'acquisition de deux marques de whisky single malt, le Domaine des hautes glaces et Westland, la dette nette a reculé de 68,1 millions d'euros à 390,1 millions, pour un ratio de 1,78 fois l'Ebitda, contre 2,29 un an plus tôt.

(Edité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis