Si la vodka reste de loin l'alcool de marque dite "internationale" le plus vendu dans le monde (493 millions de caisses de 9 litres ont été écoulées en 2014), ses ventes plafonnent et devraient signer une progression limitée aux environ de 0,5% d'ici à 2018.

A l'inverse, beaucoup plus petits par la taille, le whisky (89 millions de caisses pour le Scotch) et le bourbon (37 millions pour le bourbon américain) disposent d'une très forte marge de progression.

"La consommation tendance des cinq prochaines années portera sur les whiskies et bourbons, car ils ont su apporter beaucoup d'innovation dans leur offre", a déclaré à Reuters Guillaume Deglise, directeur général de Vinexpo, salon international du vin qui se tiendra du 14 au 18 juin à Bordeaux.

Les alcools bruns surfent ainsi sur la mode des cocktails, des soirées dans des bars aux offres pléthoriques, très prisés par une clientèle plus féminine et plus jeune.

Ce mode de consommation, autour de barmans qui sont rebaptisés "mixologistes" pour les plus talentueux, s'est largement mondialisé, relayé par les réseaux sociaux et les animations numériques des grands groupes de spiritueux comme Diaegeo ou Pernod Ricard.

Le marché du whisky devrait ainsi progresser de près de 9% d'ici à 2018, tandis que celui du bourbon devrait grimper de plus de 19%, surtout porté par le Brésil, le Mexique, la Russie, l'Inde et la Pologne, selon IWSR.

DANS LE VIN, LES ÉTATS-UNIS VONT CREUSER L'ÉCART

Le cognac, mis à mal depuis deux ans par les mesures anti-corruption prises par la Chine, devrait voir sa consommation repartir de l'avant (+12,7%) d'ici 2018, grâce surtout au dynamisme du marché américain qui reste son premier marché d'importation en volume.

Au total, après avoir grimpé de 19,1% depuis 2009, le marché mondial des spiritueux devrait voire sa croissance tomber à seulement 3% d'ici à 2018, freinée par le très fort ralentissement du baiju chinois, premier alcool consommé dans le monde (principalement par les Chinois) et le recul attendu du rhum (-7,6%) et du gin (-4,8%).

En matière de vin, les Etats-Unis, devenus en 2014 les premiers consommateurs au monde (plus de 312 millions de caisses) devant la France et l'Italie, devraient creuser l'écart dans les cinq prochaines années et tirer la croissance du marché.

Alors que la consommation décline en France, en Italie ou en Espagne, plombée par un contexte économique morose qui affecte notamment le circuit de la restauration, elle profite aux Etats-Unis de la reprise économique et de nouveaux modes de consommation dans les bars.

Avec une consommation encore faible par tête d'habitant, le marché américain devrait progresser de plus de 11% d'ici à 2018.

Au total, le marché mondial du vin devrait accélérer la cadence, progressant de 3,7% d'ici à 2018 (après +2,7% entre 2009 et 2013) pour atteindre 2,732 milliards de caisses de 9 litres, soit l'équivalent de 32,78 milliards de bouteilles.

A cet horizon, les Etats-Unis passeront devant la France pour ce qui est de la consommation de vin rouge, en volume, se hissant à la deuxième position derrière la Chine, devenue le premier pays consommation de vin rouge en 2012.

En Chine, après des taux de progression explosifs dans le pays (+70% entre 2009 et 2013) où les grands vins de bordeaux coulaient à flots dans les banquets, la consommation a brutalement ralenti depuis 2013 sous le coup des mesures anti-corruption de Pékin.

La consommation chinoise, moins ostentatoire et davantage portée sur les vins de moyenne gamme, devrait voire sa croissance ramenée à 25% d'ici à 2018.

Sur le marché des vins effervescents en plein essor (+6,1% d'ici à 2018), la marginalisation du champagne liée à l'expansion du prosecco italien et du cava espagnol va encore s'amplifier.

(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis