L'électricien public, dont l'Etat détient 83,5% du capital, a redit dans un communiqué que son bénéfice avant impôt, charges financières, dépréciation et amortissement (Ebitda) devrait s'établir en 2018 à un niveau compris entre 14,6 et 15,3 milliards d'euros, contre 13,7 milliards en 2017.

Après avoir ajusté à la baisse ses objectifs en novembre, il continue également de viser pour 2018 un cash-flow "légèrement positif ou proche de l'équilibre" après dividende (hors Linky, nouveaux développements, cessions d'actifs et éventuel acompte sur dividende au titre de 2018), alors que cet indicateur s'est établi à -209 millions d'euros l'an dernier.

A la Bourse de Paris, l'action réagissait très positivement à ces annonces, enregistrant vers 11h23 un bond de 7,8% à 10,92 euros, soit l'une des plus fortes hausses du Stoxx 600 et du SBF 120 et la plus marquée de l'indice regroupant les "utilities" européennes, qui gagne 1,43%.

Plusieurs analystes ont indiqué que les résultats opérationnels d'EDF étaient en ligne avec leurs attentes mais que le dividende ressortait à un niveau supérieur.

Le groupe propose un dividende de 0,46 euro par action, en forte baisse par rapport à celui de 0,90 euro au titre de 2016 et avec l'option maintenue d'un paiement en actions nouvelles, mais le consensus tablait sur un niveau plus faible de 0,33 euro selon Thomson Reuters I/B/E/S.

"Nous repartons sur des bases assainies", a estimé lors d'une conférence téléphonique son PDG, Jean-Bernard Lévy.

Le dirigeant a souligné la remontée des prix de marché et le renforcement des fonds propres d'EDF à hauteur de neuf milliards d'euros grâce à l'augmentation de capital de quatre milliards intervenue l'an passé et au versement du dividende en titres pour les exercices 2015, 2016 et 2017.

UN MILLION DE CLIENTS PARTICULIERS PERDUS EN FRANCE

EDF a cependant prévenu que sa production nucléaire en France, attendue en hausse cette année à plus de 395 térawatts-heure (TWh) contre 379 TWh en 2017 (-1,3%), reculerait de nouveau en 2019 par rapport à l'exercice en cours, le démarrage attendu de l'EPR de Flamanville (Manche) prévu pour la fin 2018 ne compensant pas la fermeture simultanée de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin).

Le groupe a aussi souligné que les visites "décennales", pour vérifier l'état de ses centrales, seraient plus nombreuses l'an prochain et incluraient deux "têtes de série" pour ses réacteurs de 900 mégawatts (Tricastin) et de 1.450 mégawatts (Chooz B-2).

Dans ce contexte, les mesures de réduction des charges opérationnelles sont amplifiées, l'objectif pour 2019 étant revu à la hausse à 1,1 milliard d'euros contre 1,0 milliard (par rapport à 2015).

Jean-Bernard Lévy a également dit aux analystes que le groupe n'avait pas actuellement de projet d'acquisition majeure et que, s'il n'était pas en mesure de donner une prévision d'Ebitda pour 2019 à ce stade, il devrait le faire plus tard cette année.

Interrogé sur l'opportunité d'introduire en Bourse son pôle d'énergies renouvelables, le PDG a en outre déclaré que celui-ci était au coeur de la stratégie d'EDF et que le groupe ne comptait pas en partager la création de valeur avec "qui que ce soit d'autre que ses actionnaires".

EDF a dégagé l'an dernier un résultat net courant de 2.820 millions d'euros (-31,0%), un Ebitda de 13.742 millions (-16,3%) et un chiffre d'affaires de 69.632 millions (-2,2%).

Le résultat net part du groupe a en revanche progressé de 11,3%, à 3.173 millions d'euros, grâce en particulier à l'effet positif d'une plus-value enregistrée au titre de la cession de 49,9% de la holding détenant les titres de RTE.

Selon Thomson Reuters I/B/E/S, les analystes attendaient en moyenne un Ebitda de 13.806 millions et un chiffre d'affaires de 68.342 millions.

En plus de la baisse de sa production nucléaire, EDF a subi une concurrence accrue en France 2017, avec notamment le lancement d'une offre d'électricité de Total, perdant un million de clients particuliers sur l'ensemble de l'année.

Au Royaume-Uni, l'Ebitda du groupe a reculé de 33,3% (en oganique) en raison essentiellement de la baisse des prix du nucléaire.

Le pôle d'énergies renouvelables du groupe a lui aussi vu sa performance reculer avec un Ebitda en baisse organique de 14,8%, pénalisé par la réduction des cessions d'actifs, l'indicateur progressant cependant de 8,5% pour l'activité de production.

L'endettement financier net d'EDF s'élevait à 33,0 milliards d'euros à fin 2017, contre 37,4 milliards un an plus tôt.

(Avec Blandine Hénault, édité par Jean-Michel Bélot)

par Benjamin Mallet

Valeurs citées dans l'article : Total, Engie, Electricité de France, Direct Energie