Paris (awp/afp) - La baisse de rentabilité attendue par EDF l'an prochain ne nécessitera pas de revoir à la hausse le montant de l'augmentation de capital à laquelle le groupe entend procéder début 2017, quand les conditions seront réunies, a déclaré lundi son PDG, Jean-Bernard Lévy.

"Vu d'EDF, et je parle également en présence de l'Etat actionnaire (...), nous envisageons les mêmes chiffres que ceux qui avaient été fournis au marché en avril", a déclaré le dirigeant à l'issue d'une réunion du Comité stratégique de filière nucléaire à Bercy.

Entre autres mesures destinées à le sortir de l'ornière financière, EDF avait annoncé une augmentation de capital de 4 milliards d'euros, à laquelle l'Etat français, qui détient près de 85% du capital, s'était engagé à participer à hauteur de 3 milliards d'euros.

Mais le 14 décembre, le groupe avait dit s'attendre à une baisse de son excédent d'exploitation (Ebitda) l'an prochain, tout en indiquant qu'il présenterait à son conseil d'administration ce projet de recapitalisation fin mars 2017, "si les conditions de marché le permettent".

Au stade actuel, ces conditions ne sont pas encore réunies, a estimé Jean-Bernard Lévy.

"Pour qu'une augmentation de capital fonctionne bien, il faut qu'un certain nombre de feux soient au vert, que nous ayons rempli un certain nombre de conditions", a-t-il expliqué.

"Pour l'instant, ces conditions n'ont pas été remplies mais je vous confirme (...) que c'est bien à l'ordre du jour au moment de la publication des comptes (2016) qui aura lieu au premier trimestre 2017", a-t-il ajouté.

Fortement endetté et confronté à la faiblesse des prix sur le marché de gros de l'électricité en Europe, EDF doit également faire face à un mur d'investissements au cours des prochaines années, notamment le programme de maintenance lourde de ses 58 réacteurs nucléaires français ("grand carénage") d'un montant de 51 milliards d'euros sur la période 2014-2025.

Par ailleurs, le Comité stratégique de filière, qui rassemble l'ensemble des acteurs du nucléaire sous l'égide du gouvernement, a défini les contours d'une feuille de route "qui puisse servir de guide pour l'année qui vient", a expliqué le secrétaire d'Etat à l'Industrie, Christophe Sirugue.

Il s'agit de répondre aux principaux défis auxquels est confrontée la filière française, en pleine refonte, qui rassemble aujourd'hui quelque 2.600 entreprises et 220.000 employés: le grand carénage et le renouvellement du parc nucléaire, la structuration à l'export, le numérique ainsi que la formation et la préservation des compétences.

Un groupe de travail doit se réunir d'ici à fin février autour de ces axes.

"110'000 recrutements sont à opérer dans les dix ans qui viennent", a souligné M. Sirugue.

"Nous devons nous préoccuper d'attirer davantage de jeunes à tous les niveaux de formation vers l'industrie nucléaire", a insisté Jean-Bernard Lévy.

afp/rp