Paris (awp/afp) - Le géant énergétique français EDF a dit mardi s'attendre à une nouvelle année "difficile" dans la lignée de résultats annuels 2016 globalement marqués par un marché déprimé, avant un rebond attendu en 2018.

L'an dernier, le bénéfice net a été multiplié par près de deux et demi à 2,9 milliards d'euros grâce à des dépréciations moindres qu'en 2015 et un allongement de la durée d'amortissement de certains réacteurs nucléaires en France.

Le chiffre d'affaires a pour sa part reculé de 5,1% à 71,2 milliards, pénalisé par la faiblesse des prix de gros de l'énergie en France et au Royaume-Uni dans un marché plus concurrentiel, et par une moindre disponibilité des réacteurs français en raison de contrôles de sûreté supplémentaires.

L'excédent brut d'exploitation (Ebitda) s'est replié de 6,7% à 16,4 milliards d'euros pour un résultat net courant en baisse de 15,3% à 4,1 milliards, mais ces indicateurs sont supérieurs au consensus d'analystes réalisé par Bloomberg.

La production du parc nucléaire française a pâti également de ces arrêts pour contrôle de réacteurs présentant une concentration excessive en carbone susceptible d'amoindrir leur résistance: elle a reculé de 7,9% à 384 térawattheures (TWh), dans le haut de la fourchette qui avait été abaissée à plusieurs reprises l'an dernier. En 2017, elle devrait s'établir entre 390 et 400 TWh.

A 09H28 (08H28 GMT), l'action EDF cédait 1,57% à 9,26 euros à la Bourse de Paris, dans un marché stable.

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Le PDG Jean-Bernard Lévy a toutefois salué, lors d'une conférence téléphonique, "une performance solide" en 2016, soutenue par les mesures déployées pour améliorer la situation financière d'EDF: une réduction des investissements et des coûts opérationnels combinée à des suppressions de postes, un programme de cessions d'actifs de 10 milliards d'euros et une augmentation de capital de 4 milliards que le groupe entend lancer avant fin mars "si les conditions de marché le permettent" - dont 3 milliards souscrits par l'Etat français, actionnaire à 85,6%.

Combiné à une "normalisation" de la production nucléaire française, ce plan de performance devrait continuer à porter ses fruits et permettre à l'Ebitda de rebondir à 15,2 milliards d'euros au moins en 2018, après un repli à 13,7-14,3 milliards cette année.

"Notre plan de performance s'exécute solidement et conformément à nos attentes. Nous voyons que 2017, comme prévu, sera une année encore difficile, mais que 2018 sera l'année du rebond", a commenté M. Lévy.

Le groupe a ainsi confirmé son objectif d'un flux de trésorerie (cash-flow) positif en 2018 (hors déploiement du compteur Linky, nouveaux développements et cessions d'actifs), tout en précisant cependant qu'il s'entendait hors acompte sur dividende pour l'exercice concerné.

Outre le rachat de l'activité réacteurs d'Areva (valorisée 2,5 milliards d'euros) courant 2017, EDF doit faire face à un mur d'investissements au cours des prochaines années, notamment le programme de maintenance lourde de ses 58 réacteurs nucléaires français ("grand carénage") d'un montant de 51 milliards d'euros sur la période 2014-2025 et la construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point, en Angleterre.

EDF a stabilisé sa dette nette à 37,4 milliards d'euros et confirmé que son endettement net ne devrait pas dépasser un niveau de deux fois et demi l'Ebitda en 2017.

Dans ce contexte, l'énergéticien a prévu une enveloppe de 2,1 milliards d'euros pour son dividende de 2016, avec l'option d'un paiement en action choisie par l'Etat français, mais le montant par action sera précisé lors de l'augmentation de capital.

Cela représente un taux de distribution de 60% du résultat net courant. Celui-ci sera de 55-65% en 2017 avant d'être ramené à 50% en 2018 puis à 45-50% au-delà.

afp/rp