Bruxelles (awp/afp) - Avec le feu vert de Bruxelles donné lundi, l'activité réacteurs d'Areva va pouvoir passer dans le giron d'EDF, actant une nouvelle étape de la recomposition de la filière nucléaire française et le recentrage d'Areva sur le cycle du combustible.

La Commission européenne a autorisé la reprise par l'électricien français EDF de la majorité d'Areva NP, la division réacteurs nucléaires de son compatriote en difficulté Areva. "L'opération ne soulèver(a) pas de problèmes de concurrence", écrit dans un communiqué la Commission, qui avait été saisie du dossier en avril dernier.

Contrôlé par l'Etat français, EDF va ainsi racheter de 51 à 75% d'Areva NP (rebaptisée New NP), valorisée en totalité à 2,5 milliards d'euros. La finalisation de l'opération est prévue d'ici la fin de l'année.

Areva NP regroupe notamment des activités de conception et de fourniture de réacteurs nucléaires, ainsi que de services aux centrales en exploitation.

En revanche, le projet en cours de construction de l'EPR d'Olkiluoto en Finlande, qui connaît de nombreux déboires, restera pour sa part dans une entité distincte, toujours sous la responsabilité d'Areva.

En récupérant Areva NP, EDF, "plus gros exploitant de centrales nucléaires dans l'UE", rappelle la Commission, avec les 58 réacteurs français, deviendra le chef de file de la filière nucléaire française.

EDF a aussi déjà créé une nouvelle filiale d'ingénierie, baptisée Edvance, spécialisée dans la conception et la réalisation des îlots nucléaires des centrales, pour rapprocher son activité d'ingénierie avec celle d'Areva NP.

L'objectif est de permettre à la filière française d'être "plus compétitive" face aux concurrents étrangers mais aussi "plus performante" dans la construction de nouvelles centrales, selon le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy.

D'autres investisseurs devraient participer au tour de table. Le groupe de conseil en ingénierie Assystem s'est dit intéressé pour prendre une participation de 5% dans Areva NP pour 125 millions d'euros, tandis que le japonais MHI pourrait en acquérir 15%, assurait fin avril le quotidien économique nippon Nikkei.

- "nouveau jalon" -

Areva "se réjouit" de la décision de la Commission, a réagi auprès de l'AFP un porte-parole du groupe, estimant que c'est "un nouveau jalon important" dans sa restructuration.

Cette opération s'inscrit dans le cadre du plan de sauvetage d'Areva, ex-fleuron français de l'atome mais qui s'est retrouvé en grande difficulté financière, du fait de choix stratégiques hasardeux dans un marché du nucléaire morose depuis la catastrophe de Fukushima en 2011.

Pour sauver le groupe, l'Etat français, son actionnaire à plus de 86%, a décidé de le recentrer sur le cycle du combustible; de l'extraction d'uranium au traitement des déchets et au démantèlement des centrales.

Le 10 janvier 2017, la Commission européenne avait approuvé le principe de ce plan, autorisant aussi l'Etat français à contribuer à hauteur de 4,5 milliards d'euros à des augmentations de capital d'un total de 5 milliards d'euros.

- cuve de l'EPR -

Bruxelles avait toutefois assorti son aval de deux conditions: d'une part, l'autorisation de la cession d'Areva NP à EDF -- condition levée ce lundi -- et d'autre part, la conclusion positive des essais en cours pour démontrer la conformité de la cuve du réacteur nucléaire EPR en construction à Flamanville (nord-ouest de la France), dont l'acier présente une concentration excessive en carbone susceptible d'amoindrir sa résistance.

L'avenir d'Areva est donc désormais suspendu au verdict de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui doit se prononcer sur l'état de la cuve vers la fin de ce premier semestre 2017.

Le groupe prévoit désormais de réaliser ces augmentations de capital au troisième trimestre de cette année.

Le nouvel Areva, baptisé pour l'instant Newco, va aussi voir arriver à son capital de nouveaux entrants: un accord a été signé avec les japonais MHI et JNFL (Japan Nuclear Fuel Limited) pour qu'ils prennent chacun une participation de 5% pour 250 millions d'euros.

afp/fr