Thao Hua

The Wall Street Journal

EasyJet (EZN.LN) ne prévoit peut-être aucune turbulence, mais les actionnaires auraient tout de même intérêt à attacher leur ceinture.

La compagnie britannique à bas coût a pris de l'altitude depuis la parution, mardi, de ses résultats. Ceux-ci ont en effet révélé un bond de 22% de son bénéfice avant impôt et une hausse de 6,3% de son chiffre d'affaires pour l'exercice clos à la fin septembre, incitant le groupe à augmenter son taux de distribution du dividende à 40%, contre 33% l'an dernier.

Au-delà de ses réjouissantes nouvelles se dessinent pourtant plusieurs tendances qui auraient de quoi dégriser les actionnaires. Au cours des trois dernières années, la valeur du titre easyJet a quasiment triplé. Il faut dire que le groupe a bénéficié d'un positionnement idéal, entre des transporteurs historiques en difficulté, plombés par leurs coûts, et des compagnies low-cost comme Ryanair (>> Ryanair Holdings Plc) qui, jusqu'à récemment, ignoraient superbement tout ce qui pouvait avoir trait à un potentiel service clients pour jouer uniquement sur les prix. EasyJet est donc parvenu à tirer son épingle du jeu en attirant des voyageurs disposés à payer davantage.

Ryanair prend de l'aisance en classe business

Le rythme de croissance de la compagnie britannique pourrait néanmoins être menacé par un retournement progressif de la situation. L'irlandais Ryanair a entrepris de séduire les voyageurs de classe affaires en proposant de nouveaux itinéraires à des prix plus attrayants, et s'est en outre engagé à réduire d'au moins 3% ses tarifs sur le trimestre clos à la fin décembre, puis d'au moins 6% pour le trimestre suivant. En ce qui concerne les prix, easyJet n'a toujours pas suivi le mouvement. Or avec une marge opérationnelle qui devrait s'inscrire à environ 13% en 2014, contre 15,7% pour Ryanair, selon les données de FactSet, easyJet va finir par devoir entrer dans la bataille.

La compagnie britannique pourrait également subir une concurrence accrue des transporteurs historiques, qui proposent maintenant leurs propres solutions à bas coûts assorties de services clients dignes de ce nom.

Si easyJet semble relativement bon marché par rapport à Ryanair, affichant un multiple de 11,7 fois le bénéfice attendu en 2015, contre 14 fois pour l'irlandais, International Consolidated Airlines Group (>> International Consolidated Airlines Grp) présente pour sa part un multiple de 9,3... faisant paraître easyJet presque onéreux.

Pour les actionnaires, easyJet présente l'avantage d'un taux de distribution plus élevé, qui promet un revenu stable. Mais à mesure que la concurrence se renforce, ce dividende lui confère une moindre marge de manoeuvre pour répondre à une potentielle accélération des pressions sur les prix.

-Thao Hua, The Wall Street Journal

(Version française Emilie Palvadeau)