(Actualisation: déclarations du directeur financier sur la Russie et la Chine, commentaires d'analystes, précisions sur les ventes en Europe et cours de Bourse)

- Le chiffre d'affaires recule de 5,2% à 5,06 milliards d'euros au premier trimestre

- La croissance organique ressort à 2,2%

- Les volumes ont diminué de 1,9% sous l'effet de hausses de prix

- Le chiffre d'affaires du pôle nutrition infantile a reculé de 7,7%

- Danone confirme ses objectifs pour 2014 et prévoit un retour à la croissance au second semestre

Chiffre d'affaires de Danone - Premier trimestre 2013 :

L'ESSENTIEL:

Le géant de l'agroalimentaire Danone (>> DANONE) a accusé une baisse de 5,2% de ses ventes au premier trimestre, pénalisé par des hausses de tarifs qui ont pesé sur les volumes dans plusieurs marchés clés comme la Russie et qui se sont ajoutées aux difficultés persistantes du groupe en Chine.

Danone a également souffert au premier trimestre de la dépréciation de plusieurs devises émergentes et de la hausse des prix du lait.

"Le contexte [économique] ne s'est pas simplifié", a reconnu le directeur financier, Pierre-André Terisse, lors d'une conférence téléphonique.

Face à la hausse des prix du lait, Danone a relevé les tarifs de ses produits laitiers, en particulier en Russie, ce qui a eu pour conséquence une baisse des volumes plus marquée que prévu. Les volumes ont ainsi reculé de 1,9% au premier trimestre, avec des replis prononcés pour le lait infantile en Chine et les produits laitiers frais en Russie.

Pierre-André Terisse a indiqué ne pas être inquiet à propos de l'activité du groupe en Russie en cas de sanctions des pays occidentaux contre le pays, alors que les tensions s'intensifient avec l'Ukraine. "Nous sommes plutôt un groupe agroalimentaire local: nous nous approvisionnons localement, nous produisons localement et vendons localement, donc je ne vois pas d'impact provenant des tensions politiques", a déclaré le dirigeant, ajoutant toutefois que les ventes du groupe avaient reculé en Ukraine, sans en préciser l'ampleur.

Effet défavorable des devises

A la Bourse de Paris, le titre Danone reculait mercredi après-midi de 0,3% à 53,11 euros dans un marché nettement haussier. "Nous nous attendions à ce que la croissance des volumes soit la plus faible depuis dix ans [...] mais cela a été bien pire", a relevé Andrew Wood, analyste chez Berstein dans une note adressée aux investisseurs.

Le chiffre d'affaires de Danone a reculé à 5,06 milliards d'euros sur les trois premiers mois de l'année, contre 5,34 milliards d'euros à la même période un an plus tôt. L'évolution défavorable de certaines devises émergentes, dont le peso argentin, le rouble russe, la roupie indonésienne et le real brésilien, ont affecté à hauteur de 8,9% le chiffre d'affaires du premier trimestre.

En données organiques, hors effets de change et variations de périmètre, le chiffre d'affaires de Danone a progressé de 2,2%, les solides performances du groupe aux Etats-Unis et en Europe de l'Est ayant permis de compenser le recul des ventes des produits de lait infantile en Chine.

Lors du premier trimestre 2013, le groupe avait affiché une progression record des revenus de sa division de lait infantile, grâce notamment à une forte demande chinoise. L'alerte sanitaire lancée l'été dernier par l'un de ses principaux fournisseurs, le groupe néo-zélandais Fonterra (FCG.NZ), et le rappel massif de produits qui s'en est suivi dans plusieurs pays d'Asie, a mis un brutal coup d'arrêt à la croissance de cette division.

La reprise chinoise encore attendue

Le chiffre d'affaires du pôle nutrition infantile a reculé de 7,7% en données comparables au premier trimestre, dont une baisse de 4,8% en volumes. "Sur les marchés concernés par le rappel, les plans de redémarrage des ventes produisent leurs effets avec des rythmes de reprise contrastés selon les pays, conformément au plan de marche", a indiqué le groupe dans un communiqué.

Les ventes de lait infantile en Chine restent toutefois inférieures de l'ordre de 30% au niveau établi avant l'alerte sanitaire, a précisé Pierre-André Terisse.

"Il n'y a rien de vraiment nouveau qui permet de penser que la situation en Chine est pire ou meilleure pour l'instant", a estimé James Targett, analyste chez Berenberg. "Il sera crucial de voir durant le second trimestre si la reprise chinoise prend plus longtemps que prévu, ce qui pourrait faire peser un risque sur les objectifs".

Objectifs 2014 confirmés

Pour l'heure, Danone a confirmé ses objectifs pour 2014 et dit s'attendre à un retour à une "croissance forte" dès le second semestre de cette année. Il vise toujours une croissance organique de ses ventes comprise entre 4,5% et 5,5% cette année et prévoit une marge opérationnelle stable, avec une évolution de plus ou moins 20 points de base, "représentant la flexibilité dont le groupe souhaite se doter pour gérer son équation, notamment dans la nutrition infantile en Asie".

Danone table par ailleurs sur un free cash-flow d'environ 1,5 milliard d'euros hors éléments exceptionnels.

Le groupe, qui a souffert de la conjoncture économique morose en Europe, et en particulier en Europe du Sud, a fait état pour la première fois depuis 2011 d'une croissance organique de ses ventes dans la région. Le chiffre d'affaires y a progressé de 0,5% à données comparables au premier trimestre.

LE COMMENTAIRE DE L'ENTREPRISE:

"Nous affichons au premier trimestre une croissance organique de nos ventes en ligne avec notre plan de marche. Dans un environnement marqué par une forte instabilité dans de nombreux endroits du globe, les équipes de Danone sont focalisées sur nos chantiers prioritaires : poursuivre l'adaptation de nos produits et organisations en Europe; continuer à développer nos catégories et marques en Amérique du Nord, CEI et dans les pays émergents, tout en prenant en compte la volatilité des conditions de marché; enfin, reconstruire un portefeuille fort et solide dans la nutrition infantile en Asie. Ces priorités sont clé pour atteindre notre objectif: une croissance forte, durable et rentable dès le second semestre de cette année", a commenté le PDG du groupe, Franck Riboud, cité dans un communiqué.

LE CONTEXTE:

L'alerte sur les produits de lait infantile a coûté en 2013 370 millions d'euros de chiffre d'affaires à Danone. Le mois dernier, le groupe a indiqué qu'il allait mettre fin à son contrat actuel avec Fonterra et qu'il portait son différend avec le groupe néo-zélandais devant la justice, cherchant à obtenir des indemnités pour les pertes engendrées par cette alerte.

Dans le même temps, le producteur des yaourts Activia et de l'eau minérale Evian cherche à regagner la confiance des consommateurs chinois. Pour cela, il a décidé d'investir pour élargir sa gamme de produits en Chine après s'être presque entièrement reposé par le passé sur la marque Dumex, dont les ventes ont chuté après le rappel de produits.

Le groupe a lancé notamment un nouveau lait maternisé haut de gamme sous la marque Nutricia pour pouvoir regagner des parts de marché en Chine. Il investit également dans de vastes campagnes médiatiques pour rassurer les consommateurs chinois quant à la sécurité de ses aliments pour bébé.

En Europe, Danone a lancé l'an dernier de nouveaux produits pour regagner des parts de marché, notamment en Espagne. Il a également réduit ses coûts dans la région pour tenter d'enrayer la baisse de ses profits.

-Ruth Bender et Blandine Hénault, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 53; blandine.henault@wsj.com

COMMUNIQUES FINANCIERS DE DANONE :

http://finance.danone.fr/phoenix.zhtml?c=131801&p=landingnewsevents

Valeurs citées dans l'article : DANONE