Zurich (awp) - La banque privée EFG International a identifié de nouvelles possibilités de synergies dans le cadre de son rachat de son homologue tessinoise BSI. La mesure phare annoncée jeudi par le groupe zurichois est la suppression de 300 à 450 postes de travail entre 2017 et 2019, dont deux tiers en Suisse. Interrogée sur la répartition géographique des coupes, la direction est restée comme à son habitude évasive, ainsi que sur le futur nom de l'entité fusionnée.

L'objectif de synergies avant impôts, qui devrait être pleinement réalisé d'ici 2019, a été revu à la hausse, à 240 mio CHF, contre 185 mio précédemment. Après impôts (basés sur un taux de 17,5%) les synergies sont attendues à 141 mio CHF, contre 85 mio précédemment. Les coûts uniques d'intégration sont désormais devisés à 250 mio CHF, 50 mio de plus que ce qui était prévu initialement.

Pour atteindre cet objectif de synergies, la banque fusionnée entend réduire son personnel de 100 à 150 postes par année entre 2017 et 2019. Si environ deux tiers des coupes concernent la Suisse, EFG assure que "Zurich, Lugano et Genève resteront des plateformes importantes pour la direction et les opérations de la banque".

Cet étalage dans le temps devrait permettre à EFG de recourir au maximum aux fluctuations naturelles et aux départs à la retraite pour atteindre son objectif de réduction de personnel. "Là où les doublons ne peuvent pas être évités, un plan social sera mis en place", selon le communiqué.

Interrogé sur la répartition des coupes, le directeur général (CEO) d'EFG International a une nouvelle fois botté en touche, indiquant qu'elles se feront "selon les fonctions" et non selon l'emplacement. Lugano, qui abrite le siège de BSI, restera "un site important, voire le plus important" pour le groupe fusionné, a assuré le patron lors d'une téléconférence.

SECRET DE POLICHINELLE

Les coupes en Suisse, c'est-à-dire 200 à 300 postes, touchent les trois bases du groupe, c'est-à-dire Zurich, Genève et Lugano, a poursuivi M. Strähle, qui a insisté sur le fait que sur un total de douze membres de la direction du groupe, quatre seront basés à Lugano.

Cependant, un bref aperçu sur les effectifs respectifs d'EFG et de BSI, qui comptent tous deux quelque 2000 collaborateurs, laisse peu de place au doute. Alors que l'établissement zurichois emploie quelque 350 personnes en Suisse, pour la banque tessinoise ce chiffre monte à 1250.

Selon Natalia Ferrara, responsable de l'Association suisse des employés de banque (ASEB) pour le Tessin, "il est évident que la plupart des postes que va supprimer EFG se trouvent à Lugano". Au micro de la RSI, l'ex-procureure a rappelé que les effectifs d'EFG à Zurich étaient déjà serrés, et que le gros des effectifs et des compétences redondantes se situait au sud des Alpes.

HÉMORRAGIE DE CAPITAUX

La banque fusionnée anticipe par ailleurs un reflux d'actifs sous gestion (AuM) à hauteur de 10 mrd CHF au cours des trois prochaines années, qui devrait se traduire par une érosion nette du produit d'exploitation de 69 mio. Au 31 octobre, les AuM cumulés des deux groupes se montaient à 148 mrd CHF, contre 170 mrd au moment de l'annonce de la fusion.

L'ajustement des synergies de coûts reflète également la cession d'activités non stratégiques. Dans ce contexte, la filiale panaméenne de BSI sera fermée au 3e trimestre 2017, alors qu'une vente partielle du portefeuille clients de BSI Bahamas a été conclue ce mois. EFG compte par ailleurs vendre son unité Independent Financial Advisers au Royaume-Uni.

Après la finalisation mi-novembre de l'intégration de la filiale singapourienne de BSI, celle-là même au coeur du scandale politico-financier 1MDB qui a précipité la chute de la banque tessinoise, la prochaine étape est celle de BSI Hong Kong au 1er trimestre 2017.

L'intégration des activités suisses de BSI est prévue pour le 2e trimestre et l'intégration légale de toutes les entités de la banque privée tessinoise au trimestre suivant. D'ici là, la marque BSI devrait complètement disparaître. Interrogé au sujet du futur nom de la banque, le CEO est là aussi resté évasif, indiquant qu'une décision serait prise à mi-2017.

La banque fusionnée continuera de rétribuer ses actionnaires sur la base du bénéfice sous-jacent, a assuré pour sa part le directeur financier (CFO) Giorgio Pradelli, ce qui signifie que l'intégration n'aura aucune incidence à ce niveau.

Si l'identification de nouvelles synergies a séduit les investisseurs, l'enthousiasme des analystes est resté tout relatif.

Vers 14h35, la nominative EFG bondissait de 4,5% à 6,46 CHF, après avoir marqué une pointe à 6,65 CHF, alors que le marché dans son ensemble (SPI) évoluait juste sous la ligne de flottaison (-0,03%). Elle affiche cependant toujours une dégringolade de près de 40% par rapport au début de l'année.

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