* Un kilomètre dédié aux covoitureurs entre la France et la Suisse

* 9 à 20% de réduction sur l'abonnement ATMB en cas de covoiturage

* Une cession du capital d'ATMB pas dans le viseur de l'Etat-Pdt

PARIS, 16 septembre (Reuters) - ATMB, le concessionnaire de l'autoroute A40 entre Mâcon et la Haute-Savoie, va lancer une initiative inédite pour encourager le covoiturage et tenter de remédier aux bouchons quotidiens entre la France et la Suisse.

La société, détenue à 91,3% par l'Etat, les départements de Haute-Savoie et de l'Ain et le Canton et la ville de Genève, réservera à partir du mois prochain un kilomètre de voie, au niveau de la douane franco-suisse de Vallard, aux voitures transportant au moins deux personnes.

Cette première en France devrait permettre aux covoitureurs et covoitureuses de court-circuiter l'habituelle file d'attente des frontaliers partant travailler en Suisse le matin, et revenant chez eux en France le soir.

"Nous voulons vraiment être pionniers et le premier prestataire autoroutier en France à développer le covoiturage du quotidien, le plus difficile à mettre en oeuvre", a déclaré à Reuters Thierry Repentin, président d'Autoroutes et tunnel du Mont Blanc.

"Ce projet est inédit à plusieurs égards: c'est la première voie de covoiturage créée sur autoroute, la première avec passage de douane et la première binationale", a-t-il ajouté.

L'ancien ministre socialiste espère que ce projet fera des émules sur les autres réseaux autoroutiers. En plein débat sur la transition énergétique et les nouvelles mobilités, une telle innovation fait déjà l'objet de plusieurs études - à Grenoble pour APRR-Area (Eiffage) et à Toulon pour Vinci - mais aucune ne s'est encore concrétisée.

"Tout est à inventer, et nous espérons que dans la Loi d'orientation sur les mobilités (LOM), il y aura des dispositions de cette nature", a ajouté Thierry Repentin.

La création d'une voie d'autoroute réservée a ainsi nécessité la publication de deux décrets sur mesure et la création de toute pièce d'une signalétique et d'un système de PV dédiés.

JE COVOIT'

Les incitations au covoiturage sur autoroute en France sont pour l'heure limitées au développement d'aires de parking spécifiques et à des incitations tarifaires, comme sur l'A14 exploitée par Sanef, filiale de l'espagnol Abertis, à l'Ouest de Paris.

ATMB proposera lui aussi à partir de la semaine prochaine à ses 110.000 abonnés une réduction de 9% à 20% de l'abonnement au télépéage dès qu'il réalisent au moins deux trajets en covoiturage par mois. L'opération "Je Covoit" est lancée à l'occasion de la semaine européenne de la mobilité, dans un premier temps pour six mois.

La voie spéciale sera quant à elle expérimentée pendant un an. A l'issue de cette période, elle pourrait être prolongée et l'expérience reproduite à un autre point de passage, a dit Thierry Repentin.

Selon une étude commandée par ATMB, une hausse de 8% du covoiturage sur les voies menant à l'agglomération de Genève permettrait de retrouver dans la cité suisse les conditions de circulation d'un mois d'août.

Interrogé sur l'impact financier pour le concessionnaire des remises substantielles accordées aux abonnés, Thierry Repentin a répondu qu'il était trop tôt pour l'estimer.

"Nous avons eu un dialogue avec les actionnaires, et j'ai eu leur feu vert pour nous engager dans une action qui diminuera plutôt la portion de dividende qui leur sera attribuée", a-t-il ajouté.

Sur la question d'une privatisation partielle, ATMB ayant été évoqué l'an dernier par des sources du secteur comme l'un des actifs dont l'Etat envisageait la cession, le président du concessionnaire estime qu'elle n'est pas d'actualité.

"Pour moi, cette évolution potentielle est un marronnier", a déclaré Thierry Repentin. "Ce que je peux vous dire, c'est qu'aujourd'hui ce n'est pas dans le viseur ou dans le périmètre des discussions engagées par l'Etat sur les évolutions de capital."

ATMB, qui gère 130 km d'autoroutes et de routes 2X2 voies avec l'Autoroute blanche, surnom de l'A40, la Route blanche (RN205) et le tunnel du Mont-Blanc, a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 201 millions d'euros, en hausse de 4,6%. (Gilles Guillaume, édité par Benoît Van Overstraeten)

Valeurs citées dans l'article : Eiffage, Vinci