Les contrôles et l'expertise en cours, qui doivent permettre d'identifier "les causes et la nature" des écarts de qualité de réalisation et de définir "les actions correctives et les modalités industrielles" à proposer à l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), s'achèveront d'ici fin mai, a précisé l'électricien public dans un communiqué.

"A l'issue de l'expertise (...) et de la démarche d'instruction qui sera retenue par l'ASN, EDF sera en mesure de préciser si le projet nécessite un ajustement de son planning et de son coût", a-t-il ajouté.

A ce stade, le chargement du combustible de l'EPR de Flamanville est prévu fin décembre 2018 et sa montée en puissance doit avoir lieu tout au long de l'année prochaine, avec un fonctionnement à plein régime prévu pour le quatrième trimestre 2019.

Des difficultés sur le chantier et dans la fourniture de certains équipements ont contraint à de multiples reprises EDF à revoir le planning du projet et à relever son coût, estimé à 10,5 milliards d'euros depuis septembre 2015, un montant - en euros 2015 et hors intérêts intercalaires - qui risque donc une nouvelle fois d'être revu à la hausse.

Les écarts de qualité annoncés mardi, qui ont conduit EDF a déclaré "un évènement significatif" à l'ASN, ont été détectés à partir du 21 mars lors d'une "visite complète initiale", étape réglementaire préalable à la mise en service de l'installation.

Ils concernent potentiellement les 150 soudures de tuyauteries du "circuit secondaire principal" de l'EPR - servant à évacuer la vapeur produite dans le générateur de vapeur vers la turbine puis à ramener de l'eau vers le générateur -, qu'EDF a prévu d'inspecter en totalité.

JUSQU'À "QUELQUES SEMAINES DE TRAVAIL" PAR SOUDURE

"Sur certaines soudures (...), nous ne sommes pas conformes à l'attendu standard, y compris vis-à-vis du code de construction nucléaire, et donc cela veut dire que ces soudures devraient être reprises pour être remises à niveau", a précisé lors d'une conférence téléphonique Laurent Thieffry, le directeur du projet EPR de Flamanville.

Chaque contrôle par ultrason nécessite un binôme d'opérateurs et prend en moyenne un ou deux jours par soudure, a-t-il également noté.

Xavier Ursat, directeur exécutif d'EDF chargé de l'ingénierie et des nouveaux projets nucléaires, a de son côté souligné que le groupe avait besoin des mois d'avril et de mai pour définir "les suites à donner" aux défauts de certaines soudures et qu'il serait "extrêmement hasardeux" de s'engager aujourd'hui sur leur impact.

"Pour une soudure donnée, on est entre 'pas grand chose' et quelques semaines de travail", a-t-il estimé.

EDF a aussi souligné que le groupement des entreprises chargé de la fabrication du circuit - incluant les français Nordon et Ponticelli, sous la responsabilité de Framatome - avait déjà contrôlé ces soudures et les avait déclarées conformes au fur et à mesure de leur réalisation.

Prié de dire si le fait de ne pas avoir déclaré les soudures non-conformes pouvait relever d'un acte volontaire, Xavier Ursat a déclaré n'avoir "absolument aucun élément" dans ce sens.

Fin février, EDF avait fait état d'écarts de qualité sur certaines soudures par rapport à ses propres standards, indiquant alors que ces anomalies n'auraient pas d'impact.

Annoncé à trois milliards d'euros lors de la présentation du projet, en 2004, l'EPR de Flamanville devait initialement entrer en service en 2012.

A 12h19, à la Bourse de Paris, le titre EDF perd 0,97% alors que le SBF 120 avance de 0,49%.

(Avec Benoit Van Overstraeten, édité par Jean-Michel Bélot)

par Benjamin Mallet