Les Pieux (awp/afp) - Le réacteur nucléaire EPR en construction à Flamanville (Manche) est confronté à une "anomalie notable" de soudures sur son circuit secondaire, a-t-on appris jeudi auprès de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

"C'est une anomalie qui est notable. Le sujet est instruit sérieusement par l'ASN", a indiqué Hélène Héron, chef de l'antenne normande de l'ASN. Mme Héron était interrogée par des journalistes après une réunion de la commission locale d'information (CLI) de la centrale de Flamanville. La CLI réunit dans une commune proche, Les Pieux, industriels, ASN, syndicats, élus locaux et antinucléaires.

Ces soudures ne "prennent pas en compte le référentiel" qui permet d'"exclure" une "rupture" du circuit (les normes fixées pour garantir la résistance du circuit, ndlr). Ce référentiel avait été "pris en compte dans la démonstration de sûreté" du réacteur, a-t-elle ajouté, précisant que l'ASN allait "rapidement" publier une note d'information sur le sujet.

EDF est "confiant dans sa capacité à démontrer que ces soudures sont tout à fait aptes à répondre aux sollicitations qu'elles connaîtront pendant les 60 ans d'exploitation" du réacteur, a de son côté déclaré Bertrand Michoud, le directeur EDF du chantier de l'EPR durant la réunion. Au jour d'aujourd'hui, "la démonstration n'a pas encore été apportée à l'Autorité de sûreté", a-t-il précisé.

Le calendrier qui prévoit un démarrage fin 2018 du réacteur n'est pas modifié, a-t-il assuré. Son coût estimé est toujours de 10,5 milliards d'euros, selon EDF.

Le chargé de mission nucléaire de Greenpeace France Yannick Rousselet a de son côté estimé pendant la réunion que ce problème "pourrait avoir des conséquences extrêmement importantes".

Ce "nouveau problème de qualité impacte gravement la sûreté sur l'EPR de Flamanville", a de son côté jugé sur son compte Twitter Yves Marignac, directeur de l'agence Wise-Paris et membre du groupe permanent d'experts pour les réacteurs nucléaires à l'ASN. "On parle de soudures extrêmement sensibles sur des pièces très importantes pour la sûreté", a-t-il souligné.

M. Michoud a par ailleurs admis qu'il y avait eu "quelques difficultés" pendant les essais à chaud d'un réacteur EPR à Taïshan en Chine, chantier qui est en avance sur celui de Flamanville. "Mais rien de majeur à ma connaissance. Les essais se sont plutôt bien déroulés", a ajouté le directeur EDF du chantier de l'EPR.

A Flamanville, les essais à chaud sont prévus en juillet, un rendez-vous "extrêmement important", selon M. Michoud.

Environ 4500 personnes dont 900 d'EDF, travaillent chaque jour, selon l'industriel, sur le chantier de Flamanville, qui a déjà subi de nombreux déboires, surcoûts et retards.

afp/buc