Le mégaprojet nucléaire anglais d'EDF semble bien parti pour donner des sueurs froides au nouveau ministre de l'Economie, Bruno Le Maire. Quelques heures après l'annonce par l'électricien public d'un surcoût de 1,5 milliard de livres et d'un possible retard pour la livraison de la future centrale nucléaire d'Hinkley Point, le ministre a demandé au PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, de lui soumettre d'ici fin juillet un plan d'action pour s'assurer de la maîtrise d'un chantier estimé désormais à 19,6 milliards de livres.

Bruno Le Maire souhaite que ce plan conforte le calendrier d'une mise en service fin 2025 et réduise autant que possible l'impact financier de cette réévaluation sur la rentabilité du projet.

EDF a reconnu que le taux de rentabilité attendu du projet baissera de 9,2 % à 8,5 %. Un retard dans l'achèvement de la construction le ferait même chuter à 8,2%.

Le nouveau gouvernement n'est pas le seul à s'inquiéter d'une éventuelle dérive financière. Dans le sillage du communiqué du ministère, l'agence de notation Moody's a estimé que les annonces d'EDF avaient une incidence négative sur le profil de crédit du groupe.

Ces annonces illustrent aussi les risques que posent, pour EDF et son partenaire China General Nuclear Power Corporation (CGN), la construction de cette centrale et la nécessité d'assumer les conséquences financières d'une très longue phase de construction durant laquelle cet investissement ne génère pas de trésorerie, a ajouté Moody's.

Un avis négatif partagé par HSBC. Dans une note publiée ce matin, le broker a dégradé sa recommandation de Neutre à Alléger sur la valeur et abaissé son objectif de cours de 8,60 euros à 8,40 euros. La situation financière d'EDF suscite l'inquiétude du broker alors que le groupe doit mener à bien le projet Hinkley Point tout en faisant face au vieillissement simultané de ses réacteurs nucléaires en France.

En Bourse, ces ondes négatives ont pesé sur le cours de l'électricien. En repli de 3,3% à 9,237 euros, EDF accuse l'une des principales baisses du SBF120.