Lucerne (awp) - Emmi est parvenu à améliorer nettement sa rentabilité, autant opérationnelle que nette en 2016, et entend proposer à ses actionnaires une hausse substantielle de leur rémunération sur l'exercice écoulé. Supérieure aux prévisions des analystes, la performance du transformateur de produits laitiers est d'autant plus remarquable au vu des conditions de marché difficiles et une forte pression concurrentielle, surtout en Suisse.

En janvier, Emmi avait publié un chiffre d'affaires de 3,26 mrd CHF, en hausse de 1,4%, mais en recul de 1,0% ajusté des effets de change et d'acquisitions. Le bénéfice brut a progressé de 5,5% à 1,18 mrd et la marge afférente de 140 points de base (pb), une amélioration qualifiée de "réjouissante" traduisant un nouvel accroissement de productivité, précise Emmi mercredi dans son communiqué.

Le résultat avant intérêts et impôts (Ebit) s'est enrobé de 7,3% à 202,7 mio, pour une marge correspondante de 6,2%, stable par rapport à l'exercice précédent. Le bénéfice net est ressorti à 140,3 mio CHF, soit 16,7% de mieux que lors de l'exercice précédent,

Fort de ce résultat, le groupe lucernois va proposer à ses actionnaires une hausse de 1,00 CHF du dividende par action à 5,90 CHF au titre de l'exercice écoulé, tiré des réserves d'apports en capital.

A l'exception de la marge Ebit, qui s'inscrit dans la moyenne des prévisions des analystes consultés par AWP, la copie rendue par Emmi surpasse les pronostics les plus optimistes, y compris pour le dividende, attendu entre 5,00 et 5,70 CHF.

"Compte tenu des pressions exercées sur les activités en Suisse, ce résultat s'avère réjouissant", a déclaré le directeur général (CEO) Urs Riedener, cité dans le communiqué. Au titre des vecteurs de la réussite, il énumère notamment les progrès réalisés à l'étranger et le succès des marques à plus fortes marges.

Pour la suite des opérations, la direction s'attend à ce que la pression des importations et le tourisme d'achat perdurent, mais entend stabiliser ses ventes sur le marché intérieur. Les activités internationales devraient influer positivement sur l'évolution du chiffre d'affaires, en particulier grâce aux acquisitions et à la dynamique de la région Amériques.

CROISSANCE ORGANIQUE ATTENDUE EN 2017

Le groupe lucernois ambitionne pour 2017 de renouer avec la croissance organique, avec une avancée de 1-2%. Celle-ci devrait ensuite s'accélérer pour passer à 2-3% à moyen terme. En revanche, pour la Suisse, son marché de référence, Emmi vise au mieux la stabilité, au pire une nouvelle contraction de 2% pour 2017, et une timide progression (0-1%) à moyen terme.

La part du marché helvétique dans les ventes d'Emmi a reculé de 3 points de pourcentage par rapport à 2015, pour s'établir à 53%. "La Suisse reste l'élément central de notre stratégie", a cependant tenu à souligner le CEO.

Evoquant la marche des affaires pendant les deux premiers mois de l'année, le patron d'Emmi a évoqué lors de la conférence de presse un début d'année "réussi, sans être glorieux". Les ventes en Suisse se sont maintenues à peu près à leur niveau de 2016, alors que celles en Europe se sont quelque peu érodées en comparaison annuelle.

Pour l'année en cours, Emmi table sur un Ebit entre 195 et 205 mio CHF. Le CEO explique son manque d'optimisme par plusieurs facteurs: le Brexit, qui devrait affecter les ventes à hauteur de 100 mio, la pression sur les prix en Suisse, la hausse du prix du lait à l'étranger et des amortissements plus élevés.

Le groupe entend poursuivre sa croissance au niveau organique, mais aussi par le biais d'acquisitions. Le niveau d'endettement ainsi que le flux de trésorerie disponible offrent un "haut potentiel de financement", selon le directeur financier (CFO) Jörg Riboni.

Dans leurs commentaires, les spécialistes saluent des résultats supérieurs aux prévisions mais jugent les objectifs de la direction conservateurs. Les investisseurs en revanche n'ont pas partagé l'enthousiasme des analystes, préférant empocher leurs bénéfices. A 13h30, la nominative Emmi cédait 1,8% à 647 CHF, dans un SPI en baisse de 0,60%.

La banque Vontobel souligne la forte progression de la marge brute, qui reflète les mesures d'efficience. Les prévisions de croissance organique pour la Suisse attestent cependant des difficultés auxquelles est confrontée Emmi sur son marché de référence.

Même son de cloche du côté de la Banque cantonale de Zurich (ZKB), qui relève que l'Ebit et le bénéfice net sont ressortis respectivement à 2% et 4% au-dessus des attentes du consensus.

Pour Baader Helvea, Emmi consolide sa réputation d'entreprise stable en signant une nouvelle fois une performance supérieure à ses propres prévisions et à celles de la direction.

buc/fah/al