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par Markus Wacket

BERLIN, 9 octobre (Reuters) - Les tests de résistance censés éprouver la capacité des sociétés du nucléaire à financer sans difficulté le démantèlement des réacteurs allemands et la gestion des déchets afférents ont été étendus à d'autres scénarios, a dit vendredi à Reuters une source au fait du dossier.

Cette initiative intervient alors que les actions des grandes sociétés allemandes du nucléaire, à savoir E.ON , RWE et EnBW, auxquelles il faut ajouter Vattenfall, ont chuté le mois dernier en raison d'un article du Spiegel selon lequel ces dernières doivent encore provisionner 30 milliards d'euros pour ce faire.

Dans ces tests, menés par le cabinet d'audit Warth & Klein Grant Thornton, le scénario le plus extrême confirme ce déficit, observe la source. "Ce résultat reste valable sous l'hypothèse de taux d'intérêt extrêmement bas", a-t-elle ajouté.

Un autre scénario montre au contraire que les provisions déjà constituées vont au-delà du nécessaire. Les règles appliquées sont similaires à celles suivies dans d'autres pays du nucléaire, comme la France et la Suède.

Le ministère de l'Economie allemand s'est refusé à tout commentaire.

Le dernier réacteur nucléaire allemand doit être fermé en 2022, suivant une procédure accélérée de sortie du nucléaire imposée par la chancelière Angela Merkel à la suite de la catastrophe de Fukushima au Japon en mars 2011.

Les sociétés allemandes du nucléaire ont provisionné 39 milliards d'euros pour couvrir les frais de démantèlement et de gestion des déchets, une somme selon elles régulièrement vérifiée par des comptables et auditeurs désignés par le ministère de l'Economie, Berlin ne voulant pas que le contribuable paie si l'une d'elles venait à subir des difficultés financières.

Ce sont ces auditeurs et ces comptables qui ont éprouvé les bilans des quatre opérateurs à l'aune de tests de résistance pour s'assurer que les sommes mises de côté sont suffisantes.

Confrontés à des prix de l'énergie bas, à la concurrence accrue des énergies renouvelables et à un climat général d'incertitude engendré par la procédure de sortie, les énergéticiens allemands ont perdu cette année plus de 20 milliards d'euros de capitalisation boursière.

E.ON a dit qu'il risquait de supprimer plus d'emplois si l'incertitude poussait les agences de notation à le déclasser.

Des analystes de Bernstein ont dit vendredi que les coûts de stockage nucléaire de l'Allemagne étaient comparables à ceux en vigueur dans d'autres pays.

Les "Big Four" de leur côté réclament plus de 24 milliards d'euros de dommages et intérêts par le biais de divers procès liés à la politique énergétique de l'Allemagne. Cela pourrait constituer une monnaie d'échange ultérieurement lorsqu'il s'agira notamment de déterminer qui paie quoi en matière de stockage des déchets. (Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)

Valeurs citées dans l'article : Enbw Energie Baden Wuerttemberg AG, E.ON SE, RWE AG