La vente éventuelle de l'actif le plus prisé de l'ancien monopole public fait débat en Italie. Depuis 2006, des responsables politiques plaident pour le transfert du réseau à une entreprise publique, étant alors considéré comme une plate-forme neutre ouverte à tous les opérateurs téléphoniques.

Telecom Italia a également été critiqué pour n'avoir pas modernisé son réseau cuivre afin de déployer largement le haut débit. Or, Open Fiber, né fin 2015 et contrôlé par la compagnie d'électricité Enel et la banque publique Cassa Depositi e Prestiti (CDP), construit comme Telecom Italia des réseaux de haut débit en Italie, un double emploi qui est un non-sens économique, selon de nombreux experts du secteur.

"Open Fiber, ou ses actionnaires, seraient bien placés pour racheter le réseau de Telecom puisque cela permettrait de réaliser d'importantes synergies entre les deux réseaux et d'accélérer la migration du cuivre à la fibre", explique le président Franco Bassanini, interrogé par La Stampa.

Le projet de transfert du réseau de Telecom Italia, qui pourrait valoir jusqu'à 15 milliards d'euros, n'est pas allé plus loin par le passé pour des questions de prix et parce que TIM a voulu garder la main sur cette activité.

Mais il revient au goût du jour, dans la perspective d'une coopération visant au déploiement rapide d'un réseau ultra-haut débit en Italie.

VIVENDI SUR LA SELLETTE

La scission du réseau de Telecom Italia fait débat en Italie face à la montée en puissance de Vivendi dans le capital de l'opérateur télécoms et après la décision du gouvernement français d'empêcher les chantiers navals Fincantieri de prendre le contrôle de STX France.

"Une scission (...) faciliterait la recherche d'une forme d'accord permettant d'éviter le dédoublement d'infrastructures et d'accélérer la construction du réseau de prochaine génération", ajoute Franco Bassanini.

Les spéculations sur une éventuelle scission ont été ravivées par les propos d'Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi et président de TIM, qui, le 28 juillet, a qualifiée cette option d'"intéressante" et qui sera examinée à l'avenir.

Une vente du réseau de TIM pourrait aider le groupe de médias français à dénouer les relations tendues qu'il entretient avec les autorités de régulation italiennes.

L'Agcom a décrété en avril que la montée de Vivendi au capital du groupe de télévision Mediaset et de l'opérateur télécoms enfreignait la loi sur les concentrations dans l'audio-visuel. L'autorité de tutelle du secteur des communications lui a donné un an pour réduire sa participation dans l'un ou l'autre, sous le seuil de 10%, pour se mettre en conformité avec la loi.

Le gouvernement italien cherche également à savoir si Vivendi a dûment informé l'exécutif de sa prise de contrôle de facto de TIM en montant au capital de l'ex-monopole.

Il Sole 24 Ore a rapporté samedi que l'autorité italienne des marchés financiers, la Consob, avait prié Vivendi de dire ce lundi s'il contrôlait effectivement Telecom Italia.

Telecom Italia pourrait scinder son réseau de téléphonie fixe et l'introduire en Bourse, ce qui lui permettrait, avec les fonds récoltés, de réduire son endettement, selon plusieurs médias italiens.

En Grande-Bretagne, BT a dû également affronter les accusations de ses concurrents qui lui reprochaient de ne pas avoir suffisamment investi pour moderniser son réseau cuivre afin de développer le haut débit à travers le pays.

Après des mois de négociations, le régulateur britannique des télécommunications avait autorisé en mars le premier opérateur télécoms britannique à conserver sa division réseaux, mais à la séparer juridiquement.

(Véronique Tison et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Valentina Za et Stefano Rebaudo

Valeurs citées dans l'article : Vivendi, Enel, Telecom Italia