Berne (awp/ats) - L'affaire portant sur des soupçons de corruption dans le cadre de l'octroi d'une licence d'exploration d'un champ pétrolier au Nigeria a des ramifications en Suisse. A la demande de la justice italienne, le Ministère public de la Confédération (MPC) a ordonné le gel de plusieurs comptes bancaires.

Dans le cadre de cette affaire, une des plus importantes à ce jour en Europe, le Tribunal de Milan, doit juger le 14 mai prochain plusieurs hauts responsables des groupes pétroliers italien Eni et britannique Shell, notamment. Le parquet de la cité lombarde et la justice nigériane leur reprochent le versement de pots-de-vin lors de l'attribution d'une licence d'exploration.

L'autorisation d'exploration, qui concerne un bloc pétrolier appelé OPL-245 dans le Golfe de Guinée, au large du Nigeria, a été délivrée en 2011 par le gouvernement nigérian aux deux géants pétroliers et gaziers pour 1,3 milliard de dollars (1,22 milliard de francs suisses). La partie nigériane évoque des versements frauduleux de 801 millions de dollars.

Répondant favorablement à une demande d'entraide judiciaire de la justice italienne, le MPC a fourni des informations et ordonné la saisie de fonds, a indiqué à l'ats le Ministère public de la Confédération, confirmant une information publiée lundi dans le Tages Anzeiger et le Bund. Le MPC n'a pas souhaité s'exprimer sur les montants saisis.

CONFIANCE D'ENI

Selon les quotidiens zurichois et bernois, les fonds bloqués dans trois banques suisses à Genève, Bâle et Lugano atteindraient plusieurs centaines de millions de francs suisses. Vendredi dernier, Claudio Descalzi, le patron d'Eni, s'est déclaré "serein" face aux accusations pesant sur sa personne.

"Je suis aussi serein parce que je sais ce que nous avons fait. Maintenant, nous avons la possibilité de l'expliquer car il y a un procès", a déclaré M. Descalzi lors de la présentation du nouveau plan stratégique 2018-2021 à Londres. Quinze personnes physiques et morales figurent parmi les prévenus dans ce procès qui devait initialement débuter lundi.

Seront également jugés, outre l'actuel patron d'Eni, son prédécesseur Paolo Scaroni, d'autres dirigeants et cadres des deux groupes, ainsi que l'ex-ministre nigérian du pétrole, Dan Etete. Le groupe italien a récemment exprimé "sa pleine confiance" dans le fait que le procès "confirmera la justesse et l'intégrité de sa conduite".

"Eni et Shell ont conclu la transaction avec le gouvernement sans l'implication d'intermédiaire. L'argent (...) a été déposé sur un compte possédé par le gouvernement nigérian", avait assuré le groupe, qui a régulièrement réaffirmé sa confiance à M. Descalzi.

ats/rp