Paris (awp/afp) - Le numéro un mondial des verres ophtalmiques, Essilor, a publié vendredi des performances globalement décevantes au premier semestre, et a livré des perspectives moins optimistes pour 2017, un cocktail délétère pour son titre en Bourse.

Première mauvaise surprise, son bénéfice net semestriel a diminué de 6% sur un an, à 391 millions d'euros.

En cause, des charges à hauteur de 42 millions d'euros après impôts dans le cadre de son projet de rapprochement avec Luxottica, qui doit toujours aboutir "autour de la fin de l'année", selon Essilor, en vue de bâtir le leader mondial intégré de l'optique, combinant verres et montures de grandes marques.

Le PDG d'Essilor, Hubert Sagnières, a par ailleurs fait part dans le communiqué d'"un environnement de marché plus tendu" depuis l'annonce de cette méga-fusion en janvier, approuvée à une écrasante majorité par les actionnaires d'Essilor en mai mais qui doit encore obtenir l'aval des autorités de la concurrence.

"Les perspectives à moyen et long terme demeurent particulièrement porteuses", a toutefois assuré M. Sagnières.

En attendant, pour l'année en cours, le groupe anticipe une croissance organique de ses ventes "autour de 3%", soit dans le bas de sa fourchette initiale comprise entre 3% et 5%, pour une marge de contribution de l'activité ajustée "proche" de son objectif de départ de 18,5%, contre 18,6% l'an dernier. Sur le premier semestre, cet indicateur de rentabilité s'est fixé à 18,4% du chiffre d'affaires.

Au premier semestre, le chiffre d'affaires du groupe a atteint 3,9 milliards d'euros, en hausse de 9,1%, dopé par un effet de change positif de 2,2 points et de récentes acquisitions consolidées.

Cependant à périmètre et taux de change constants, la hausse de l'activité sur le semestre est de seulement 2,5%. Au deuxième trimestre les ventes ont totalisé 1,95 milliard d'euros (+8,2% à données publiées, +2,5% en base homogène).

- La division solaire déçoit encore -

Le titre Essilor accusait le coup de ces annonces: à la Bourse de Paris l'action s'enfonçait de 4,77% à 110,85 euros vers 9H35 (7H35 GMT), le CAC perdant 1,2% à la même heure.

La déclaration de M. Sagnières sur le durcissement des conditions de marché à la suite du projet de fusion avec Luxottica "soulève des questions", a commenté auprès de l'AFP Cédric Rossi, analyste chez Bryan Garnier.

Les investisseurs étaient aussi déçus par les perspectives annuelles et les ventes au deuxième trimestre, notamment dans la division de verres solaires, où le rebond promis "n'a pas eu lieu", a ajouté M. Rossi.

Après un déclin en début d'année, le groupe misait sur un vif rebond dans cette division, de 5% à 9% en base homogène, dès le deuxième trimestre. Or, ses ventes organiques sur ce segment ont continué de reculer entre avril et fin juin (-0,8%), le groupe invoquant des difficultés persistantes de certaines de ses marques en Chine.

Dans sa principale division, les verres et le matériel optique, les ventes ont en revanche progressé de 2,5% en organique à près de 1,67 milliard d'euros, tirées par l'Amérique du Nord qui a accéléré sur la période (+3,1%) et par une "nette résistance" de l'activité en Europe, notamment grâce au déploiement de nouveaux verres, selon Essilor.

L'activité de cette division a aussi progressé sur les autres continents, à l'exception notable de l'Amérique latine, en raison de l'environnement difficile au Brésil.

Luxottica s'est présenté en bien meilleure forme que son futur partenaire français, en annonçant la semaine dernière une hausse de plus de 18% de son bénéfice net semestriel, à 562 millions d'euros, pour des ventes en croissance de 4,2% à 4,91 milliards d'euros (+1,8% à devises constantes) et en confirmant ses objectifs annuels.

La future entité Essilor-Luxottica, dont le siège doit être installé en banlieue parisienne et qui prévoit d'être coté sur Euronext Paris, devrait peser plus de 50 milliards d'euros de capitalisation boursière.

afp/fr