Essilor (-5% à 105,45 euros) signe la plus forte baisse du CAC 40 après un ralentissement inattendu de sa croissance organique au troisième trimestre et des perspectives peu rassurantes. Sur la période de trois mois close fin septembre, le spécialiste de l'optique a vu son chiffre d'affaires progresser de 3,2% en base homogène (croissance organique) à 1,72 milliard d'euros. Les analystes formant le consensus attendaient une progression de 4,3% après une croissance de 4,1% à l'issue du premier semestre.

La sanction est d'autant plus forte que cette contreperformance est liée notamment au ralentissement de son principal marché : l'Amérique du Nord. Dans cette zone, le groupe a réalisé au troisième trimestre près de 39% de son chiffre d'affaires à 671 millions d'euros. Mais ce dernier a progressé de 1,3% en base homogène après 3,1% au premier semestre et contre un consensus de 2,5%.

Essilor met ce ralentissement sur le compte de l'expiration de certains contrats de fourniture avec des organismes gouvernementaux américains et souligne le recul des ventes de son enseigne Transitions Optical aux fabricants de verre. Le groupe met toutefois en avant deux motifs de satisfaction : les ventes en ligne sont bien orientées et les ventes aux alliances d'optométristes progressent. Ces derniers mois, Essilor s'est renforcé sur ces deux segments, notamment par le biais d'opérations de croissance externe. La dernière en date est une prise de participation au capital d'US Optical, un laboratoire de prescription situé aux Etats-Unis.

Si la situation en Amérique du Nord est la plus préoccupante compte tenu de son poids dans le chiffre d'affaires d'Essilor, ce dernier a enregistré des performances décevantes dans l'ensemble de ses zones d'activité. Ainsi, la croissance organique est ressortie à 3% en Europe, 5,7% en Asie-Moyen-Orient-Afrique et 4,5% en Amérique latine. Le consensus visait +3,6%, +8,5% et plus 10,1% respectivement.

Le ton employé par Essilor pour décrire ses perspectives n'a pas non plus rassuré les investisseurs. Le groupe a indiqué qu'il espérait "obtenir des résultats aussi proches que possible" de ses objectifs annuels, qui comprennent notamment une croissance en base homogène autour de 4,5% (+8% en publié). Selon Jefferies, pour atteindre cet objectif, la croissance organique du quatrième trimestre devrait atteindre 6,5%, un niveau jamais vu depuis le premier trimestre 2012.