Demande pétrolière mondiale et prix du pétrole brut Selon l'Agence internationale de l'Energie, la demande mondiale de pétrole a augmenté de 1% en 2012 à 89,8 millions de barils par jour. La capacité de production mondiale a quant à elle augmenté d'environ 2,5%.
L'année 2012 a été une année d'incertitudes et de contrastes. La conjoncture économique, financière et géopolitique a créé les conditions d'un marché du pétrole brut très fluctuant, qui est resté à des niveaux élevés, en particulier du fait de l'instabilité géopolitique au Moyen Orient.
Les hydrocarbures non conventionnels (gaz de schiste et huile de roche mère) dont le développement a été exponentiel ces dernières années aux États-Unis contribuent à une modification en profondeur du secteur pétrolier et gazier international. Cette mutation en cours concerne non seulement les flux du commerce mondial de pétrole brut et de gaz, mais aussi la relance de l'outil de raffinage Nord-Américain qui a accès à une matière première meilleur marché. Ainsi les raffineries américaines ont-elles exporté davantage de produits finis, en particulier vers l'Europe.
La capacité mondiale de raffinage continue de progresser, essentiellement en Asie Pacifique et au Moyen Orient. De nouveaux acteurs font leur entrée, en particulier dans les pays émergents et notamment en Inde où plusieurs importantes raffineries ont été construites. Dans les pays industrialisés et les marchés arrivés à maturité, principalement les États Unis, l'Europe et le Japon, les capacités de raffinage stagnent ou diminuent. C'est le cas en Europe où la baisse de la demande intérieure et des exportations, notamment vers les États Unis, a conduit à une poursuite de la rationalisation d'industrie du raffinage.
Les effets cumulés du regain de compétitivité offert aux raffineurs américains par un brut et un gaz naturel bon marché, et la structure de rendement des huiles de schistes, très riches en essence, renforcent le raffinage américain et fragilisent le raffinage européen qui voit progressivement un débouché important pour ses excédents d'essence se réduire. Ainsi, la baisse structurelle de la demande sur le continent européen s'accompagne désormais d'une diminution durable du débouché représenté par la consommation de carburants aux États Unis et tout particulièrement d'essence.
Selon le Comité professionnel du pétrole (CPDP) la demande pétrolière française tous produits confondus a baissé de 2,4% en 2012 à 75,8 millions de tonnes dont 52% de carburants automobiles. La consommation française de carburants routiers en 2012 a été de 50 millions de mètres cubes, en baisse de 1,2 % par rapport à 2011. La dernière baisse significative de la consommation française de carburants était intervenue en 2008, année durant laquelle les prix du pétrole avaient atteint des records historiques.
Cette baisse de la consommation de carburants, observée après trois années de relative stabilité, semble résulter à la fois de l'amélioration de la performance énergétique des véhicules et de l'adaptation du comportement des consommateurs au niveau élevé de prix des carburants et combustibles.
Le raffinage français souffre à la fois d'une baisse de la consommation sur le marché intérieur et d'une concurrence internationale accrue. Après la restructuration de son outil de raffinage au cours des deux dernières années, la France ne compte plus que 10 raffineries permettant de traiter 81,6 millions de tonnes de pétrole brut par an. Mais avec la mise sous cocon de la raffinerie de Berre et l'arrêt temporaire d'activité de Petit Couronne, huit d'entre elles sont restées pleinement en activité en 2012, ce qui représente une capacité active de raffinage de moins de 70 millions de tonnes par an. Cette capacité est, pour la première fois, inférieure à la demande française de produits raffinés.
En 2012, en plus d'une conjoncture économique difficile et d'une baisse de la demande en produits pétroliers sur le marché intérieur, l'industrie pétrolière française a été pénalisée à la fois dans ses activités de raffinage et de distribution par des mesures présentées comme revêtant un caractère exceptionnel :
Une contribution exceptionnelle et rétroactive sur la valeur des stocks de produits pétroliers de nature à contribuer au redressement des comptes de l'Etat. Alors que la variation de la valeur courante des stocks est déjà soumise à l'impôt sur les sociétés, cette contribution supplémentaire portant sur tous les stocks pétroliers, y compris les stocks outil en raffinerie ou les stocks destinés à l'exportation, a entrainé une inégalité de traitement avec les seuls importateurs de produits finis, portant atteinte à la compétitivité de l'industrie française du raffinage.
Un dispositif de baisse temporaire de la Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Energétiques (TICPE) afin de faire baisser de trois centimes par litre le prix des carburants, mis en place par l'Etat au second semestre. Cette baisse de la TICPE a dû être accompagnée sur la même période par les distributeurs qui ont de leur côté été invités à baisser leur marge de façon analogue alors que le marché de la distribution de carburants en France reste un des plus compétitifs d'Europe avec une part prépondérante de la grande distribution qui représente à présent 63 % des carburants vendus sur le territoire.
Une mission conjointe de l'Inspection Générale des Finances et du Conseil Général de l'Economie, de l'Industrie, de l'Energie et des Technologies a été mise en place le 14 août 2012 pour faire toute la lumière sur les marges de la filière pétrolière. Ce rapport rendu public le 8 novembre 2012, en confirmant que le Raffinage-Distribution offrait une rentabilité limitée compte tenu des surcapacités et de marges fluctuantes, a fait un certain nombre de propositions pour rendre cette industrie plus compétitive et en assurer la pérennité compte tenu de son aspect stratégique pour le pays.
La consommation de produits pétroliers en France représente toujours 45% de la consommation finale d'énergie. Alors que la transition énergétique est au cœur des débats, les projections de croissance mondiale de la demande montrent que pour les 30 à 40 années à venir le pétrole demeurera la source d'énergie prépondérante même si cette ressource doit être mieux utilisée, en concentrant, par exemple, son utilisation aux besoins du transport et de la pétrochimie pour lesquels il présente des avantages incontestés en termes de coût et de densité énergétique.
Le développement des énergies renouvelables rendu nécessaire aux côtés des autres énergies pour préparer l'avenir prendra plusieurs décennies. Durant cette transition, le pétrole et les produits raffinés resteront des sources d'énergie incontournables.
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