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Une reprise encore à confirmer, des tensions modérées sur les prix et la persistance de surcapacités : trois raisons de s'inquiéter quant aux perspectives pour le commerce mondial qui sont, au mieux, atones. Tel est le constat du nouveau rapport du leader de l'assurance-crédit Euler Hermes : " Que nous mijote le commerce mondial ? "
Pointant du doigt les trois principales causes du fléchissement prolongé des échanges commerciaux, Wilfried Verstraete, Président du Directoire d'Euler Hermes précise : « En premier lieu, les programmes d'austérité se sont traduits, au niveau mondial, par une réduction des dépenses publiques qui sont historiquement une composante importante de la croissance. De plus, les exportations et les importations mondiales ont reculé en volume, ce qui a eu une incidence exponentielle sur les chaînes d'approvisionnement, la croissance mondiale et les échanges commerciaux. Enfin, et c'est là le facteur le plus important, la croissance de la consommation privée et des investissements - les principaux vecteurs de l'expansion des échanges commerciaux - est tout au plus modeste. Le commerce mondial n'est donc plus un moteur de la croissance, il se contente de l'accompagner."
Selon Euler Hermes, les échanges commerciaux internationaux en valeur devraient croître de +1,8 % seulement cette année pour rebondir à +4,5 % en 2016 - ce qui ne représente qu'une fraction des +12 % de la croissance du commerce mondial enregistrée entre 2001 et 2008. Le rapport prévoit que les pressions négatives sur les prix (pétrole, change) se traduisent par un manque à gagner de 560 milliards de dollars des échanges commerciaux pour la seule année 2015, alors que la reprise mondiale des biens et service tente péniblement de redémarrer sept ans après la crise financière. En volume, le commerce mondial devrait croître de +4% en 2015, après +3,3% en 2013.
Année | Volume | Déflateur | Valeur |
2012 | 2.9 | -1.8 | 1 |
2013 | 2.9 | -0.2 | 2.7 |
2014 | 3.3 | -1.4 | 1.9 |
2015 (p) | 4 | -2.2 | 1.8 |
2016 (p) | 4.5 | 0 | 4.5 |
Valeur
Des risques à la carte : pressions déflationnistes, faits du Prince et impayés
« Il est essentiel que les exportateurs soient attentifs aux trois « P » qui font peser un risque sur les exportations, à savoir Prix, Protectionnisme et Paiement », souligne Ludovic Subran, chef économiste chez Euler Hermes. « Cela nécessite de gérer la guerre des prix sur le plan mondial, le protectionnisme sur le plan national et le risque d'impayés des clients afin de relever le défi de l'expansion internationale.»
L'effet prix se retrouve notamment lorsqu'on regarde la croissance des échanges d'un point de vue sectoriel Le grand perdant sera le secteur de l'énergie, dont les exportations vont reculer de 400 milliards de dollars sur la seule année 2015. Cela étant, les produits chimiques vont bénéficier de la reprise du secteur manufacturier et de la diminution des coûts énergétiques ; l'électronique profitera de la croissance de la demande en Asie ; et la vigueur de la demande en biens d'équipement dans les pays en voie d'industrialisation dynamisera le secteur des machines.
Les pays affichent aussi une volonté croissante de stimuler la demande intérieure en limitant leur dépendance aux importations, tout en essayant de relever les exportations. Cette approche risque de déboucher sur un protectionnisme accru : guerre des monnaies, barrières douanières et autres mesures protectionnistes.
Enfin, d'après le rapport, les impayés des entreprises devraient prendre de l'ampleur. Les délais de paiement s'allongent dans le monde entier de 3 jours en moyenne en 2015. De fait, les fournisseurs financent leurs clients et les flux de trésorerie connaissent un regain de tension.
La Chine devrait enregistrer la plus forte hausse, devançant les États-Unis, l'Allemagne, le Japon, et la Corée du Sud. Le Brésil et le Chili accusent un certain retard en raison du repli des prix des matières premières, tandis que le Portugal et la Hongrie souffrent d'un manque de compétitivité.
Pays | 2015 | 2016 |
Chine | 120.5 | 130.7 |
Etats-Unis | 72.6 | 89.8 |
Allemagne | 40.3 | 71.8 |
Japon | 20.3 | 54.7 |
Corée du Sud | 18.2 | 52.5 |
Hong Kong | 20.8 | 27 |
Mexique | 9.7 | 31.9 |
France | 17.9 | 21.7 |
Täïwan | 15.3 | 20 |
Singapour | 9.5 | 24.1 |
2016
Euler Hermes livre aussi les 12 recettes pour réussir à dynamiser les exportations : 12 stratégies pays qui ont fait leur preuve dans un secteur clé. On retrouve par exemple :
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Le positionnement français sur l'industrie pharmaceutique, comme un bien sûr, dont la demande est en croissance constante ;
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L'amélioration de la compétitivité de l'industrie en Espagne grâce à la modération salariale ;
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Le recours réussi aux accords aux alliances sous la forme d'accords de libre-échange qui font le succès de Singapour, notamment dans les équipements électroniques.
Le rapport propose aussi les nouvelles routes de l'export selon les taux de croissance attendus des importations en 2015-16 et les niveaux de risque-pays associés, afin d'identifier les éventuels pièges et opportunités. Euler Hermes met l'accent sur les pays affichant à la fois une forte croissance et un risque comparativement moins élevé, comme l'Estonie et la Corée du Sud - qui figurent au nombre des « 15 délices ». Une certaine prudence est de mise pour les exportateurs qui s'aventurent sur des marchés déjà saturés comme le Canada, la Suisse et l'Australie - si la tentation est grande de céder au chant des sirènes d'un faible risque pays, ces pays offrent cependant une croissance de la demande désespérément faible.
Pays | 2015 | 2016 |
Etats-Unis | 99.7 | 110.6 |
Chine | 70.4 | 131.1 |
Allemagne | 20.3 | 45.3 |
Inde | 12 | 51.1 |
Japon | 15 | 45.2 |
Royaume-Uni | 22.6 | 28.2 |
Mexique | 9.1 | 31.3 |
France | 19.7 | 17.5 |
Corée du Sud | 4.8 | 27.2 |
Hong Kong | 10.6 | 19.9 |
2016
La France peut capter jusqu'à 20 milliards d'euros d'exportations supplémentaires, dont 9 grâce à l'euro faible
La France est parmi le trio de tête européen des pays au fort rebond à attendre grâce à l'euro faible, avec l'Allemagne et l'Italie. Euler Hermes estime que la France peut aller conquérir jusqu'à 20 milliards d'euros de demande supplémentaire à l'export cette année. Un potentiel à saisir pour les entreprises françaises, principalement dû à la baisse de l'euro, mais aussi grâce à un regain de croissance en zone euro (+1.3% de croissance en 2015 et +1,5% en 2016). Les quatre filières gagnantes de cette situation sont les biens d'équipement (pour 5,6 milliards d'euros), la chimie (pour 5,4 milliards d'euros), l'agroalimentaire (pour 3,3 milliards d'euros) et l'automobile (pour 2,4 milliards d'euros).
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