Sans surprise, la monnaie unique s'appuie de nouveau sur le bas de son range pour rebondir au contact de 1.24 USD, niveau au-delà duquel émerge davantage d'indécision.

Si la publication du rapport annuel de la BCE n’a pas vraiment éclairé les investisseurs sur les intentions de l’institution, la sortie d’Ewald Nowotny n’est en revanche pas passée inaperçue. Selon le gouverneur de la Banque d’Autriche, l’institution pourrait entamer son cycle de hausse graduelle par un relèvement de 0.2% du taux sur les dépôts. Bien que l’information ait été immédiatement démentie par Francfort, elle laisse imaginer une intensification des débats au sein du Conseil des gouverneurs.

Notons toutefois que même si la hausse des prix à la consommation s’est redressée en zone Euro en mars à +1.4% sur un an, elle reste bien en-deçà de la cible de la BCE (proche mais inférieure à 2%) et une hausse de taux antérieure à mi-2019 n’est donc pas un scénario crédible à ce stade.

De l’autre côté de l’Atlantique, Jerome Powell a pour sa part estimé, dans un discours à Chicago, que la Réserve Fédérale devait conserver un rythme de hausse de taux graduel dans le contexte économique actuel. Une politique trop restrictive pourrait en effet saper les efforts consentis en faveur du redressement de l'inflation tandis qu'à l'inverse, un soutien prolongé présenterait le risque de devoir resserrer la vis plus brutalement en cas de surchauffe, ce que les marchés n’accueilleraient pas favorablement.

En ce sens, la publication des minutes de la FED n'a pas apporté de nouveaux éléments si ce n'est la confirmation de l'optimisme du comité, qui envisage la modification de certains éléments de langage, malgré des inquiétudes quant au risque de représailles de plusieurs partenaires dans la guerre commerciale menée par Donald Trump.

Sur le plan macro, la première économie mondiale enregistre moins d'embauche qu'attendu au mois de mars selon le dernier rapport mensuel sur l'emploi mais les salaires ont augmenté nettement plus qu’en février. Les prix à la consommation confirment ces tensions inflationnistes en progressant de +2.4% sur un an au dernier pointage, un plus haut en douze mois.

Mais le comportement actuel du Dollar reste avant tout corrélé à la diplomatie internationale, peu ménagée par l'administration Trump. Si le risque de guerre commerciale va et vient au gré de relations sino-américaines plutôt versatiles, à cela vient désormais s'ajouter une nouvelle escalade de tensions entre Washington et Moscou. Le récent gazage présumé du régime syrien contre des civils se heurte à une potentielle réponse militaire occidentale, un scénario qui contrarie le Kremlin, fidèle allié de Damas, déjà soupçonné d’ingérence dans la dernière campagne présidentielle américaine.

Graphiquement, la situation ne change pas et chaque retracement de l’Euro nous offre des opportunités d’achat sur repli, à 1.2248 et 1.2180 USD actuellement. Les investisseurs particuliers restent massivement vendeurs de la paire tandis que la tendance de fond conserve un biais largement haussier.