La volatilité de la monnaie unique s’accroit de façon spectaculaire sur le marché des devises où les échanges évoluent principalement au rythme de la situation politique en Italie.

Alors que la coalition antisystème associant La Ligue et M5S s’apprêtait à former un gouvernement, Sergio Mattarella a finalement dégainé son veto. Inquiet pour l’appartenance du pays à la zone Euro, le président de la République a refusé la nomination de Paolo Savona, europhobe notoire, au poste de ministre de l’Economie. La carrière politique de Giuseppe Conte, juriste de 53 ans mandaté par les deux partis populistes pour réunir une équipe dirigeante, aura duré quatre jours.

D’abord comparée à un pare-feu salutaire, écartant le scénario catastrophe d’un dérapage budgétaire et d’une déstabilisation de l’Union monétaire, le blocage du chef de l’Etat replonge la troisième économie européenne dans une impasse politique.

Baromètre de la nervosité des investisseurs, l’écart de référence entre le taux italien à 10 ans et son homologue allemand a brièvement franchi le seuil de 3% pour la première fois depuis 2013 et les secousses provoquées par la crise de la dette. Le risque de contagion et les craintes d’une explosion de la zone Euro ressurgissent.

En attendant l’organisation de nouvelles élections législatives, Carlo Cottarelli, un ancien responsable du FMI, a été désigné par le palais du Quirinal pour former un gouvernement technique. Favorable aux mesures d’austérité, il est surnommé « Monsieur Ciseaux » en raison des coupes budgétaires auxquelles il a largement participé entre 2013 et 2014. Bien que cette nomination soit donc davantage en ligne avec les attentes du marché et les besoins de l’économie la plus endettée du continent, le destin du pays se décidera à nouveau dans les urnes dans quelques mois et une mauvaise surprise pourrait définitivement contrarier les projets de normalisation de la BCE.

Dans les sondages en vue d’un nouveau scrutin, la Ligue effectue déjà une percée (24% d’intentions de vote contre un score de 17% le 4 mars dernier).

Graphiquement, l’Euro précipite sa chute sous 1.159, un support qui n’aura résisté que quelques minutes, dans de nouveaux points bas depuis juillet dernier. Techniquement comme fondamentalement, les signaux sont au rouge sur tous les horizons, 1.1474 et 1.1317 constituent les prochains seuils à surveiller.