La monnaie unique accuse le coup et sort finalement de son range, pressée à la baisse par une macroéconomie moins vigoureuse en Europe et les attentes autour d'une hausse des projections de la FED.

A nouveau contrainte de jouer la montre, la BCE a évoqué une modération de la croissance de l'Union monétaire et la menace protectionniste pour justifier un positionnement prudent lors de sa dernière réunion de politique monétaire, ne laissant toujours pas entrevoir de hausse de taux avant mi-2019 au plus tôt.

Et les indicateurs publiés depuis creusent un peu plus le fossé entre les deux bords de l'Atlantique. Les chiffres européens montrent en effet de nouveaux signes de ralentissement, notamment en France. Même l'Allemagne, traditionnel moteur de l'économie européenne, déçoit les analystes avec des ventes aux détails en recul en mars (-0.6% contre +0.8% attendu) et une inflation à zéro en avril. A l’opposée, l'Oncle Sam enregistre un taux de croissance supérieure aux attentes selon une première estimation au titre du premier trimestre (+2.3% en données annualisées contre +2.1% anticipé) et l'indicateur PCE, baromètre d'inflation favori de la Réserve Fédérale, rallie l'objectif de 2% pour la première fois depuis début 2017.

Pourtant si la probabilité d'une hausse de taux de la banque centrale américaine atteint 88% pour la réunion de juin, elle ne dépasse pas 12% pour le mois de mai selon les données du CME. Le statu quo attendu pourrait d’ailleurs même s'accompagner d'un ton prudent. La récente flambée du billet vert devrait en effet encourager les argentiers de la FED à tenter de stabiliser les taux de change en épargnant les marchés d'un discours trop offensif, sans quoi la Maison-Blanche pourrait rapidement réagir.

Graphiquement, l'Euro franchit finalement un support à 1.2062 à la troisième tentative. Les traders professionnels se retirent progressivement du côté acheteur après une exposition historique enregistrée par l’indicateur COT. Les clients particuliers des brokers en ligne achètent à l’inverse massivement la paire et parient ainsi sur un rebond. Même si une consolidation est désormais probable, le risque reste donc provisoirement baissier sur la paire.