Sans grande tendance à mi-séance ce vendredi (- 0,16%, après + 0,42% la veille), la monnaie unique européenne semble parvenir à défendre la barre des 1,23 dollar, à 1,2311. Même si sur la semaine, l'euro paraît bien parti pour reculer de l'ordre de 0,80% face à sa contrepartie américaine, en raison notamment des risques politiques allemand et italien.

Par ailleurs, l'euro reste inchangé contre le yen et le franc suisse et se tasse de 0,24% à 0,8814 livre sterling.

Certes, avec la réforme fiscale, puis le programme de grands travaux voulu par Donald Trump, le déficitaire budgétaire des Etats-Unis devrait se creuser cette année pour atteindre, selon certains économistes et alors que conjoncture est en haut de cycle, 5% du PIB. Ce qui pose avec plus d'acuité la problématique des 'déficits jumeaux', puisque les Etats-Unis sont également (à la différence de l'Union européenne) importateurs nets vis-à-vis du reste du monde. Cette situation tend à peser sur la valeur du dollar, d'autant que l'endettement de l'Etat fédéral dépasse déjà la barre des 100% du PIB.

Ajoutons que si la Fed remonte ses taux, la Banque centrale européenne (BCE), elle, en est toujours à diminuer le montant de ses rachats d'actifs (QE), revenus de 60 à 30 milliards d'euros par mois depuis le 1er janvier. Une nouvelle diminution est probable à partir de l'automne alors que l'économie du Vieux Continent envoie globalement des signaux positifs, à quelques exceptions mesurées cette semaine (PMI de l'Eurozone d'IHS Markit, Ifo allemand). Bref, la valeur de l'euro, ultime contrepartie du bilan de la BCE, profite parallèlement d'un puissant catalyseur positif : la réduction progressive de la politique monétaire non-conventionnelle.

C'est ce qui explique que contre le dollar, la devise européenne s'adjuge plus de 16% sur un an. Cependant, l'euro a perdu un peu de sa superbe ces dernières semaines, le sommet de 1,2557 dollar l'euro restant à distance.

En cause : le contexte politique européen, principalement en Allemagne et en Italie. 'Quid si les militants du SPD refusent la GroKo (la grande coalition entre leur partie et la démocratie-chrétienne) ? La perspective de l'intégration politique sera retardée, et avec elle les éléments d'union budgétaire que le FMI appelle de ses voeux', commente La Banque Postale AM ce matin, en référence au référendum qu'organise actuellement le parti social-démocrate allemand sur son alliance avec les conservateurs de la CDU/CSU.

Et LBP AM d'ajouter, en vue des élections législatives en Italie : 'quelle est la bonne mesure du risque italien, si on doit se retrouver demain dans un environnement moins favorable en termes économiques et avec moins de soutien de la part des politiques de l'Union ? Se poser la question oriente un peu la réponse qu'on apporte', commentent les spécialistes, qui soulignent la divergence récente des taux longs italien et allemand.

Sur l'agenda statistique européen, on a appris ce matin l'indice des prix à la consommation (souvent assimilé à l'inflation) avait été confirmé à 1,3% sur un an au mois de janvier, comme prévu et comme le mois précédent. Pas d'accélération de ce point de vue, le 'taux cible' voisin de 2% visé par la BCE restant éloigné.

EG


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