Mardi midi sur le marché des changes, la monnaie unique européenne continuait de regagner du terrain face à sa contrepartie américaine alors que les dernières nouvelles macroéconomiques des Etats-Unis ne plaident pas pour le dollar ni pour un nouveau durcissement de la part de la Fed. A cette heure, l'euro 0,16% à 1,1217 dollar. En revanche, l'euro reste neutre contre le sterling, recule de 0,15% face au yen à 129,26 et de 0,50% contre le franc suisse à 1,0999.

En effet, les dernières nouvelles des Etats-Unis signalent un affadissement conjoncturel : non seulement la croissance du PIB a fortement ralentit au 4e trimestre 2015, à 0,7%, alors que le premier quart de l'année est traditionnellement pénalisé par l'hiver, mais les créations de postes ont déçu en janvier. Ce qui contribue a envoyer vers le bas les actifs risqués, actions en tête, et à soutenir l'or.

Ces perspectives tendent à reporter, chez les investisseurs, l'anticipation de la date à laquelle la Réserve fédérale américaine procédera à un nouveau “tour de vis” monétaire conventionnel après celui auquel elle a procédé en décembre dernier. D'ailleurs, le rendement de l'obligation fédérale à dix ans, qui dépassait les 2,30% fin décembre 2015, est retombé à ce jour vers 1,75%.

“L'euro, comme le yen, servent de valeur refuge pour les investisseurs locaux en cette période de forte aversion au risque. En outre, comme les investisseurs anticipent un ton plus accommodant de la Fed, cette vigueur retrouvée de l'euro affecte les valeurs européennes les plus exposées à l'Amérique du Nord ou à des facturations en dollars, comme l'aéronautique par exemple”, commentent ce matin les spécialistes d'Aurel BGC.

Chez Société Générale, on insiste sur le fait qu'en raison de la semaine du Nouvel an chinois, fériée dans l'Empire du Milieu, nombre d'intervenants sont absents du marché, notamment en ce qui concerne les matières premières. Pour autant, 'les questions posées par la politique monétaire chinoise et le ralentissement économique global n'ont pas disparu', soulignent-ils. 'Ajoutez-y l'écart croissant des taux d'intérêts en Europe, et voilà de quoi rendre le marché très nerveux', ajoutent-ils.

En effet, en Europe, rappelle Aurel BGC, “la mauvaise nouvelle du jour pour les banques est l'écartement des spreads (écarts de taux, ndlr) souverains en zone euro. Au Portugal par exemple, l'écart avec le “dix ans” allemand atteint désormais 315 points de base, un record depuis le début de l'année 2014. Entre le Bund et le “dix ans” espagnol, l'écart dépasse 160 points, un record depuis la fin 2013”.

Rappelons que la divergence des taux souverains des différents pays de la zone euro avait cristallisé, avant l'intervention vigoureuse de la BCE et le fameux “whatever it takes” lancé le 26 juillet 2012 aux marchés par son président Mario Draghi, le risque d'éclatement de l'union monétaire. Puis les mesures exceptionnelles allant de l'abaissement des taux d'intérêt au QE à l'européenne avaient normalisé les “spreads”.

Selon Aurel BGC, “en Europe du sud, du Portugal jusqu'à la Grèce, chaque pays méditerranéen est confronté à une crise ou simili-crise politique” en raison de l'écart entre les promesses politiques et ce qui peut être honoré.

Chez Barclays Bourse cependant, on ne perd pas espoir : “l'électrochoc viendra peut-être de La Fed et sa présidente, Janet Yellen, qui doit s'exprimer demain devant le Congrès, alors que les investisseurs sont de plus en plus persuadés que la Fed ne remontera plus les taux en 2016”.

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