New York (awp/afp) - Le géant pétrolier ExxonMobil, objet d'enquêtes liées au changement climatique, a décidé de nommer une scientifique de renom au sein de son conseil d'administration.

L'Américaine Susan Avery va rejoindre cette instance stratégique à compter du 1er février, indique dans un communiqué le groupe texan, dont l'ancien PDG Rex Tillerson devrait devenir dans les prochains jours le nouveau chef de la diplomatie américaine.

Mme Avery est une scientifique respectée, spécialisée dans la dynamique des masses atmosphériques et ayant travaillé sur le réchauffement climatique.

Elle était jusqu'en 2015 directrice de l'institut océanographique de Woods Hole, le plus grand centre de recherche océanographique aux Etats-Unis, basé dans l'Etat du Massachusetts (nord-est).

La chercheuse a également fait partie du conseil scientifique de l'ancien secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon.

Lors d'une conférence sur les énergies renouvelables en 2014 dans le Colorado (ouest), Mme Avery avait notamment déclaré: "Clairement, les études scientifiques nous conseillent de nous désengager le plus possible des énergies fossiles".

Elle croit en "la vérité scientifique et au rôle des sciences dans l'élaboration des politiques publiques", peut-on lire sur le site internet de l'institut Woods Hole.

L'ONG environnementaliste 350.org, à couteaux tirés avec ExxonMobil, a toutefois dénoncé "un coup médiatique" destiné, selon elle, à faire oublier des décennies passées "à tromper" le public quant à la réalité du changement climatique.

- "Premier pas très positif" -

"Nous n'aurions pas donné de blanc-seing au (cigarettier) Philip Morris parce qu'il a nommé un médecin au sein de son conseil d'administration, (donc) nous ne le ferons pas avec Exxon", argumente l'ONG.

A l'inverse, Shanna Cleveland de l'ONG Ceres, qui a aidé des actionnaires à rédiger des résolutions demandant en AG à Exxon de s'attaquer au réchauffement climatique, a salué un "premier pas très positif".

Le but désormais est "de passer au niveau supérieur en fournissant les informations nécessaires à l'ensemble des membres du conseil afin de bien évaluer les risques climatiques", a-t-elle déclaré à l'AFP.

La nomination de Mme Avery intervient au moment où s'accentuent des critiques et des pressions contre ExxonMobil pour son rôle dans le réchauffement climatique.

L'autorité des marchés financiers américains, la SEC, et le procureur de l'Etat de New York ont ouvert des enquêtes séparées pour déterminer la façon dont ExxonMobil mesure et évalue les risques financiers potentiels posés par le besoin de limiter l'utilisation des énergies fossiles.

L'Etat de New York s'intéresse notamment au financement par ExxonMobil de recherches climato-sceptiques et cherche à déterminer si l'entreprise a caché des études montrant le rôle néfaste des énergies fossiles dans le changement climatique.

ExxonMobil entend se défendre vigoureusement, faisant valoir que ces investigations ont une motivation politique.

Les ONG environnementalistes et certains actionnaires demandaient, eux, depuis de nombreux mois à la major pétrolière de nommer une administratrice dotée d'une expertise dans le changement climatique pour aider le groupe à mieux évaluer les risques liés aux réglementations environnementales.

Sous Rex Tillerson, ExxonMobil s'est prononcé en 2009 en faveur de la taxe carbone alors que son prédécesseur Lee Raymond y était opposé.

afp/rp