* Environ 20% des stations d'essence affectées

* La CGT annonce que la grève est votée dans 8 raffineries sur 8

* CGT et gouvernement s'accusent mutuellement (Actualisé avec point du gouvernement)

PARIS, 24 mai (Reuters) - Le bras de fer s'est durci mardi entre le gouvernement et la CGT, qui tente de paralyser l'économie française en organisant notamment la pénurie de carburant pour obtenir du pouvoir socialiste le retrait de la réforme du Code du travail.

Après l'intervention mardi matin des forces de l'ordre pour débloquer les accès aux dépôts pétroliers de Fos-sur-Mer, dans le Sud-Est, et de Lorient, en Bretagne, le secrétaire fédéral de la branche pétrole de la CGT, Emmanuel Lépine, a annoncé que les salariés des raffineries de Fos-sur-Mer et de Notre-Dame-de-Gravanchon (Seine-Maritime) avaient eux aussi voté la grève.

"Il y a maintenant huit raffineries sur huit en grève", a-t-il déclaré à Reuters, tandis que le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, appelait à une extension du mouvement.

Si la réalité sur le terrain n'est pas toujours aussi tranchée que l'affirment dans une guerre de communication la CGT d'un côté, les raffineurs et le gouvernement de l'autre, la menace d'une pénurie de carburant est forte.

Mais le secrétaire d'Etat aux Transports, selon lequel environ 20% des 12.200 stations d'essence sont affectées, avec les problèmes les plus importants en Loire-Atlantique, a promis que tous les dépôts de carburant seraient libérés.

"Aujourd'hui, le gouvernement s'est engagé à libérer l'ensemble des dépôts", a dit Alain Vidalies lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.

En raison des achats de précaution, "ces trois derniers jours, nous avons (...) battu tous les records de consommation, nous sommes avec 500% d'augmentation dans certains secteurs", a-t-il ajouté, avant d'assurer "la situation est stabilisée".

Les stocks sont "durablement suffisants dans les dépôts et l'approvisionnement se fait normalement par les ports, les pipe-lines et les voies ferrées", ajoute son ministère qui précise que le volume des stocks est en moyenne d'environ 115 jours de consommation, presque quatre mois.

TOTAL MENACE

Total, qui est l'opérateur de cinq des huit raffineries du pays, a menacé mardi de revoir ses projets dans le secteur du raffinage et de la pétrochimie en France si le mouvement de grève actuel dans les raffineries se poursuit.

Pour la Fédération nationale du transport routier (FNTR), l'Union des entreprises de transport et de logistique de France (TLF) et l'Unostra "la situation se dégrade à une vitesse folle". Elles estiment ne plus avoir que 24 à 72 heures de "marge de manoeuvre" et demandent une "action urgente".

De son côté, le numéro deux de Total, Philippe Sauquet, menace dans un mail adressé à ses cadres de revoir les projets de développement du groupe dans le secteur raffinage et chimie en France en cas d'arrêt de ses installations.

En déplacement au Proche-Orient, le Premier ministre a jugé "inacceptable (...) qu'une minorité veuille prendre en otage (la) démocratie" et empêché une loi d'être adoptée.

"La radicalisation de la CGT (...) pose incontestablement un problème", a ajouté Manuel Valls devant la presse.

Il avait auparavant déclaré à Europe 1 qu'il n'était pas question de retirer le projet de loi sur lequel il a dû engager la responsabilité de son gouvernement faute de majorité pour le faire adopter en première lecture par l'Assemblée nationale.

Il a promis à la CGT "une réponse extrêmement ferme" et ajouté : "Nous continuerons à évacuer les sites, les dépôts qui sont aujourd'hui bloqués par cette organisation."

LA CGT ACCENTUE LA PRESSION

Philippe Martinez a répliqué sur BFM TV en accusant le gouvernement et Manuel Valls de jouer un "jeu dangereux".

"Nous sommes déterminés à aller jusqu'au bout pour le retrait du projet de loi", a-t-il dit. "Nous appelons à une généralisation des grèves partout, dans tous les secteurs."

La centrale syndicale entend encore accroître la pression, d'abord avec la nouvelle journée de mobilisation prévue jeudi prochain avec six autres syndicats de salariés et d'étudiants.

La CGT, qui avait appelé jusqu'à présent les cheminots à faire grève les mercredi et jeudi, a annoncé avoir déposé un préavis de grève illimité à partir du 31 mai pour défendre l'emploi et réclamer l'arrêt des restructurations.

L'Unsa et la CFDT, respectivement deuxième et quatrième forces syndicales à la SNCF, ont déjà déposé des préavis de grève reconductible à partir du 31 mai pour peser sur les négociations sur les règles de travail des cheminots.

Plusieurs syndicats du contrôle aérien, dont l'USAC-CGT, l'Unsa et le SNCTA, ont déposé un préavis de grève pour les 3, 4 et 5 juin pour défendre leurs conditions de travail et l'emploi. L'USAC-CGT demande également le retrait de la loi Travail.

Jeudi dernier, l'appel à la grève lancé par le syndicat majoritaire USAC-CGT avait entraîné l'annulation de 20% des vols à l'aéroport parisien d'Orly.

La Fédération nationale des ports et docks de la CGT appelle les travailleurs portuaires à étendre à vendredi la grève déjà prévue jeudi contre la loi Travail en réponse à l'évacuation de la raffinerie de Fos-sur-Mer par les forces de l'ordre. (Emmanuel Jarry, avec Bate Felix, Gérard Bon, Jean-Baptiste Vey, Marc Leras à Marseille, édité par Yves Clarisse)

Valeurs citées dans l'article : Total, Exxon Mobil Corporation