* Grève illimitée votée dans plusieurs raffineries

* Expéditions arrêtés dans certains dépôts

* La CGT et FO durcissent le mouvement contre la loi Travail

* Des préfets prennent des mesures de restriction

* Les forces de l'ordre débloquent un dépôt (Actualisé avec déblocage en Seine-Saint-Denis)

PARIS, 20 mai (Reuters) - Le mouvement de grève contre le projet de loi Travail dans le secteur pétrolier, à l'appel de la CGT et de Force ouvrière, fait tache d'huile et commence à se faire sentir aux pompes dans un grand quart nord-ouest de la France.

Les préfectures de Loire-Atlantique, d'Orne et de Sarthe ont décrété vendredi des limitations pour l'achat de carburant, alors que les salariés de plusieurs raffineries et dépôts de carburant ont voté une grève reconductible ou illimitée.

La préfecture de Seine-Maritime a annoncé dans la soirée avoir demandé aux forces de l'ordre de procéder au déblocage d'un dépôt de carburant situé dans la communce de Grand-Quevilly et précisé que l'opération s'était déroulée dans le calme.

"Elle devrait permettre de réapprovisionner en essence les stations-services du département de façon à satisfaire les besoins des services prioritaires de sécurité et de secours mais aussi de l'ensemble de la population", explique la préfecture.

Le secrétaire d'Etat aux Transports a assuré le matin sur France Info qu'il n'y avait pas de risque à ce stade de pénurie de carburant, mais admis que 20% des stations autour du Havre et de Rouen étaient fermées.

Ses services ont annoncé dans l'après-midi que des arrêtés avaient été pris pour autoriser la circulation des camions ce week-end, afin de réapprovisionner les stations services.

Encore faut-il que ces camions puissent faire sortir du carburant des raffineries et des dépôts.

"L'objectif est l'arrêt de toutes les raffineries en France. C'est un appel à la grève illimitée", a déclaré à Reuters le délégué central CGT de Total Raffinage Pétrochimie, Thierry Defresne. "Le but n'est pas de créer la pénurie, c'est d'obtenir le retrait de la loi (Travail)", a-t-il ajouté.

Il a précisé que les salariés de la raffinerie Total de Normandie, à Gonfreville-l'Orcher (Seine-Maritime) Normandie avaient voté à 56% l'arrêt complet des installations. Ceux de la raffinerie Total de Grandpuits, en Seine-et-Marne, ont voté la reconduction de la grève pour 72h00, a-t-il ajouté.

La raffinerie Total de Donges, près de Nantes, a suivi le mouvement en reconduisant l'arrêt des expéditions pour une semaine supplémentaire, jusqu'au vendredi 27 mai.

Thierry Defresne a ajouté que les expéditions à partir du site de stockage des Flandres, à Dunkerque, sous contrat avec la Sagess, organisme de gestion des stocks stratégiques, sont bloquées depuis jeudi matin.

RESTRICTIONS

Selon le secrétaire fédéral de la branche pétrole de la CGT, Emmanuel Lépine, "plus rien ne sort" du site de stockage pétrolier de la CIM, au Havre, un des principaux points d'entrée du pétrole brut et des carburants importés en France.

"Les salariés ont décidé d'entrer en grève illimitée. C'est important parce que c'est un site qui alimente à la fois Grandpuits et l'aéroport de Roissy", a-t-il dit à Reuters.

La préfecture de Loire-Atlantique a annoncé que les véhicules de moins de 3,5 tonnes ne pouvaient pas acheter plus de 20 litres de carburant. Pour ceux de plus de 3,5 tonnes, la limite est de 40 litres.

Le préfet de l'Orne a pour sa part décidé de limiter à 20 litres les achats de carburant pour les voitures et à 50 litres pour les poids lourds, face à la ruée des automobilistes sur les pompes pour constituer des réserves.

Sa collègue de la Sarthe à, quant à elle, interdit l'achat de carburant dans des bidons, "pour tenir compte des difficultés d'approvisionnement plus importantes dans les départements voisins".

"Il n'y a pas de risque de pénurie à court terme", a dit vendredi matin Alain Vidalies. "Evidemment, si ça durait des semaines, la question se poserait."

La question d'un recours aux forces de l'ordre pour débloquer des dépôts de carburant pourrait "naturellement" se poser en cas de "difficulté majeure" mettant en cause le fonctionnement de l'économie française, a-t-il ajouté. (Emmanuel Jarry, Guillaume Frouin et Bate Felix, avec Claude Canellas, édité par Simon Carraud)

Valeurs citées dans l'article : Esso F., Total, Exxon Mobil Corporation