WASHINGTON (awp/afp) - Rupert Murdoch, 86 ans, a toujours été avant tout un patron de presse et le récent accord entre sa 21st Century Fox et Disney va lui permettre de revenir à ses premières amours.

En cédant à Disney plusieurs des activités de son groupe dans le cinéma et la télévision de divertissement, le patriarche d'origine australienne va se recentrer sur l'information avec ses journaux et sa chaîne de télévision Fox News.

"Il s'agit de retourner à nos racines qui sont l'info et le sport", a souligné M. Murdoch lors d'un entretien avec la chaîne Sky News. "C'est stratégiquement le bon moment de le faire".

Il abandonne un secteur du divertissement en plein bouleversement aux géants de l'internet comme Amazon, Facebook et Apple, et à de nouveaux arrivants comme Netflix.

Et il garde surtout son arme principale, l'influence politique, grâce à Fow News, la chaîne favorite de Donald Trump avec qui il entretient des relations étroites depuis de longues années.

Avant même d'avoir les ambitions politiques qui l'ont porté à la Maison Blanche, le magnat de l'immobilier américain faisait déjà les choux gras des pages people du New York Post, propriété de Rupert Murdoch. Devenu président, Donald Trump consulte une fois par semaine le magnat de la presse par téléphone, croit savoir le Times, autre fleuron de l'empire Murdoch, et l'appelle "un très bon ami".

Son influence est également grande en Grande-Bretage et en Australie grâce aux organes de presse qu'il détient par le biais de News Corp.

Né le 31 mars 1931 à Melbourne (Australie), Keith Rupert Murdoch a fait ses études à l'université d'Oxford en Angleterre avant d'hériter à la mort de son père en 1952 du journal Adelaïde News.

- Scandales et sports -

A tout juste 21 ans, le jeune Rupert Murdoch va redresser ce journal et se lancer dans une politique d'acquisitions tous azimuts en mêlant habilement dans ses journaux informations, sports et sexe.

Il lance "The Australian", le premier quotidien national australien, en 1964, et achète en 1969 l'hebdomadaire britannique News of the World.

Puis c'est au tour du Sun, qu'il transforme en quotidien à scandales devenu célèbre pour ses pin-ups déshabillées affichées en pages intérieures.

Il s'attaque ensuite au prestigieux quotidien The Times et à son supplément dominical Sunday Times, non sans susciter une forte levée de boucliers de la part des défenseurs des valeurs établies en Grande-Bretagne.

Il déménage les rédactions de ses quotidiens de la légendaire Fleet Street londonienne pour la banlieue de Wapping, où les procédés d'impression modernes lui permettent de supprimer de nombreux emplois.

Puis il s'attaque aux Etats-Unis avec le New York Post en 1976, devenant même citoyen américain en 1985, ce qui lui permet du même coup de se porter acquéreur d'une station de télévision.

En 1984, il prend une participation dans les studios de cinéma 20th Century Fox et achète en 2007 l'agence d'informations financières Dow Jones, mettant la main du même coup sur le prestigieux quotidien financier Wall Street Journal.

- 'Faiseur de rois' -

Sa réputation de "faiseur de rois" n'est plus à faire en Grande-Bretagne. Ses journaux ont fait campagne pour les conservateurs Margaret Thatcher et John Major puis, dans un revirement inattendu, pour le travailliste Tony Blair, aux côtés duquel Rupert Murdoch s'affichait volontiers.

Le scandale en 2010 des écoutes téléphoniques du News of the World, fermé depuis, le pousse toutefois à se montrer plus discret sur la scène londonienne. Le magnat doit notamment subir l'humiliation d'une audition serrée par les parlementaires britanniques.

Il accentue la mise en avant de son fils James, qui a même repris la présidence du groupe de télévision Sky en 2016, quatre ans après avoir dû la quitter dans les méandres d'un scandale d'écoutes téléphoniques.

Mais le projet de rachat par 21st Century Fox des parts de Sky qu'elle ne possède pas encore déclenche une levée de boucliers et l'ouverture à l'automne d'une enquête approfondie, ordonnée par le gouvernement sur les risques vis-à-vis de la pluralité des médias.

Dénoncé par ses opposants comme un conservateur manipulant l'opinion mondiale, il jouit toutefois de la considération de ses employés et reste craint pour ses qualités d'homme d'affaires.

Père de six enfants, il s'est marié quatre fois, sa dernière épouse en date, Jerry Hall - de 25 ans sa cadette - ayant été aussi celle du chanteur des Rolling Stones, Mick Jagger.

Ses fils de son deuxième mariage, Lachlan, 46 ans, et James, 44 ans, semblent prêts à assurer la relève, certains médias affirmant que James pourrait même prendre la succession de l'actuel PDG de Disney, Bob Iger.

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