10 avril (Reuters) - Facebook monte à Wall Street avant l'audition de son PDG, Mark Zuckerberg, devant une commission parlementaire américaine au cours de laquelle il devrait défendre le modèle du réseau social face aux appels à un durcissement de la réglementation à la suite du détournement des données de dizaines de millions d'utilisateurs.

Le titre Facebook prend 1,75% à 160,70 dollars vers 15h40 GMT, en ligne avec la hausse de 1,7% de l'indice S&P-500. Alphabet, maison mère de Google, Twitter et Snap affichent également des hausses comprises entre 0,5% et 1,8%.

Mark Zuckerberg sera auditionné à 18h15 GMT lors d'une séance conjointe des commissions sénatoriales de la Justice et du Commerce, avant d'être entendu mardi par la commission de l'Energie et du Commerce de la Chambre des représentants.

Une réglementation plus stricte des données recueillies par les sociétés de l'internet pourrait potentiellement affecter leurs revenus publicitaires, une source vitale pour les réseaux sociaux.

Il est toutefois très peu probable que le Congrès américain adopte de nouvelles lois encadrant l'activité de Facebook et des autres sociétés internet, à la fois en raison d'un manque de volonté politique et de l'intense pression des entreprises technologiques.

"Je ne m'attends pas à un impact significativement négatif sur le nombre d'utilisateurs de (Facebook) et les revenus publicitaires à cause de l'audition", commente Brian Wieser, analyste chez Pivotal Research, ajoutant toutefois que "tout reste possible".

D'après Jefferies, les annonceurs n'ont pas encore déserté en masse Facebook.

Evercore ISI se montre cependant plus prudent, estimant que si Facebook est bien préparé à un règlement général sur la protection des données (RGPD), les annonceurs risquent en revanche d'être pris au dépourvu et voir l'efficacité de leurs messages réduits.

La recommandation moyenne des analystes de Wall Street sur le titre Facebook reste à "achat" mais l'objectif de cours médian a baissé de 5 dollars à 220 dollars.

Facebook a perdu 13,5% de sa valeur en Bourse depuis le début du scandale à la mi-mars, Google 10%, Snap 20% et Twitter 15%.

Le titre du premier réseau social se traite à paie 20,4 fois le bénéfice estimé sur 12 mois, à comparer à des ratios de 23,3 pour Alphabet et 43,9 pour Twitter.

Le réseau social est en pleine tourmente depuis qu'un lanceur d'alerte a révélé mi-mars que les données de 50 millions de ses utilisateurs avaient été détournées au profit de Cambridge Analytica, un cabinet britannique de conseil politique ayant notamment travaillé pour Donald Trump lors de la dernière campagne présidentielle aux Etats-Unis.

Le 4 avril, Facebook a lui-même revu à la hausse le nombre d'utilisateurs affectés, à 87 millions.

A cela s'ajoutent les soupçons d'utilisation du réseau social par la Russie pour peser sur l'élection présidentielle américaine. (Arjun Panchadar et Laharee Chatterjee à Bangalore Claude Chendjou pour le service français, édité par Véronique Tison)

Valeurs citées dans l'article : Snap Inc, Twitter Inc, Facebook, Alphabet