A quelques jours du coup d'envoi de la "saison des trimestriels" aux Etats-Unis, dont le géant de l'aluminium Alcoa donnera le coup d'envoi le 11 octobre, les investisseurs qui espéraient enfin un retour à la croissance des bénéfices de "Corporate America" en seront pour leurs frais.

D'après le consensus élaboré par FactSet, les résultats des entreprises qui composent l'indice S&P 500 ont fléchi de 2,1%, en moyenne, au troisième trimestre. Si cette prévision s'avère exacte, les bénéfices des entreprises américaines accuseront une baisse pour le sixième trimestre d'affilée, une première depuis que FactSet a commencé à compiler ces données, en 2008.

Victimes des cours de l'or noir

Au 30 juin, les analystes tablaient encore sur un retour à la croissance des résultats des entreprises américaines au troisième trimestre, avec une hausse attendue à 0,3%. Mais c'était sous-estimer les conséquences du renforcement du dollar, qui pénalise les entreprises exportatrices, et de la faiblesse persistante du prix du baril, qui grève les comptes des groupes pétroliers.

Le prix de l'or noir est tout récemment remonté à 50 dollars, mais il reste bien en-deçà du niveau de 100 dollars qui prévalait avant l'été 2014. Des onze secteurs d'activité représentés au sein du S&P 500, c'est d'ailleurs celui de l'énergie qui devrait avoir enregistré la plus forte chute de ses bénéfices, de juillet à septembre : selon le consensus FactSet, les groupes pétroliers devraient publier en moyenne un plongeon de 67% de leurs résultats, au titre du troisième trimestre.

Des valorisations malgré tout élevées

Plus largement, exception faite des technologies de l'information, qui devraient afficher une augmentation moyenne de 1,7% de leurs résultats, tous les secteurs ont vu leurs prévisions de bénéfices pour le troisième trimestre révisées à la baisse par les analystes.

Ces révisions n'ont pas empêché le marché actions américain d'atteindre des niveaux historiques au cours de l'été, les indices S&P 500, Dow Jones Industrial Average et Nasdaq ayant simultanément signé des records le 11 août, un fait inédit depuis 1999.

L'évolution des résultats des entreprises américaines et celle de leurs cours de Bourse présentent ainsi une dichotomie croissante : alors que les bénéfices des sociétés américaines devraient avoir diminué de 2,1% au troisième trimestre, après des chutes respectives de 7% et de 2 ,7% au premier puis au deuxième trimestre, le S&P 500, lui, progresse de plus de 4% depuis le début de l'année.

Conséquence, la valorisation des entreprises américaines, mesurée par le PER ("price earning ratio", rapport cours sur bénéfice par action) pour les douze prochains mois, s'élève actuellement à 16,6, d'après FactSet. Ce niveau est supérieur à la moyenne sur cinq ans (14,8) et à celle sur dix ans (14,3).

L'espoir du quatrième trimestre

La question est de savoir combien de temps encore Wall Street et les bénéfices des entreprises américaines continueront à avancer en sens inverse. Cette interrogation se pose d'autant plus que les investisseurs sont sans doute moins attirés par les fondamentaux des actions américaines que par le fait que cette classe d'actifs est l'une des rares à offrir du rendement en cette période de taux très bas.

Mais les opérateurs de marché pourraient éprouver une attirance plus rationnelle pour les actions américaines, au cours des prochains mois : d'après FactSet, le retour tant attendu de la croissance des bénéfices de "Corporate America" devrait se concrétiser au quatrième trimestre 2016, les analystes tablant en moyenne sur une progression de 5,6%. Ceci limiterait le repli des résultats des entreprises américaines à 0,2% sur l'ensemble de l'exercice 2016, avant un rebond estimé à? 13% pour 2017.

-Christine Lejoux, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 41 27 48 14; christine.lejoux@dowjones.com ed : ECH