Faurecia (-7,93% à 27,455 euros) ne résiste pas à la vague de ventes qui déferle sur le marché parisien ce mercredi. Les investisseurs se montrent particulièrement sensibles à la prudence des perspectives de l'équipementier automobile qui anticipe une croissance en 2016, entre 1 et 3% à taux de change et périmètre constants, et une amélioration de la marge opérationnelle comprise entre 20 et 60 points de base. Certes, ces perspectives sont en ligne avec les objectifs de moyen terme de Faurecia mais signalent un net ralentissement de l'activité du groupe.

En 2015, le chiffre d'affaires de Faurecia a augmenté en données organiques de 5,2% à 20,69 milliards d'euros et la marge opérationnelle a progressé de 80 points de base.

Faurecia explique cette prudence par la croissance très modérée de la production automobile mondiale attendue en 2016 après une année 2015 de forte croissance des volumes sur trois marchés clés (Europe, Amérique du Nord, Asie).

Pointant ces prévisions prudentes, Oddo et Kepler Cheuvreux ne se montrent pas pour autant inquiets pour Faurecia. Ainsi, le premier rappelle que ces objectifs sont en phase avec les perspectives précédemment délivrées par le groupe et le second rappelle que le consensus concernant l'amélioration de la marge 2016 est de seulement 30 points de base.

Dans ce contexte, la sanction qui frappe Faurecia aujourd'hui parait bien sévère alors que les résultats publiés pour 2015 sont globalement supérieurs aux attentes. Ainsi, le bénéfice net part du groupe de l'équipementier a plus que doublé à 370 millions d'euros, grâce notamment à une baisse des charges financières en raison d'une diminution de la dette nette. La marge opérationnelle du groupe a progressé de 35% à 913 millions d'euros alors que les analystes attendaient 890 millions.

Cette amélioration de la rentabilité s'explique notamment par la performance bien supérieure aux attentes enregistrée en Amérique du Nord. Sur ce marché, la marge opérationnelle de Faurecia a progressé de 220 points de base en 2015 alors que le groupe prévoyait +120, grâce à une amélioration de l'efficacité industrielle.

Annoncée en plus de ces performances opérationnelles solides, l'annonce d'une augmentation de 86% du dividende annuel de Faurecia, à 65 cents par action, n'a pas été jugée suffisante par nombre d'investisseurs pour revenir à l'achat sur le titre.


AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Huitième équipementier automobile mondial, de « rang 1 », leader ou co-leader sur chacun de ses principaux segments d’activité (techniques de contrôle des émissions pour 36 % des ventes, composants pour sièges pour 28 %, systèmes d’intérieurs pour 25 % et extérieurs des automobiles) ;
- Positionnement sur des secteurs extrêmement porteurs : allégement des composants, réduction des émissions de CO2, solutions de plateformes modulaires ;
- Diversification du portefeuille clients, Volkswagen (25 % des ventes) étant le premier client du groupe devant Ford (14,5 %, 2ème client en Chine), Peugeot (14 %), Renault-Nissan (11 %), General Motors (8 %), Daimler (7%) et BMW (6 %);
- Internationalisation croissante, la part de l’Europe hors France ayant été ramenée à 42 % des ventes contre 77 % en 2008, devant l’Amérique du nord (19 % des ventes), 11 % en Asie (dont 17 usines et 4 centres de R&D en Chine) et 4 % en Amérique latine ;
- Stratégie fondée sur 3 vecteurs : priorité à l’Asie avec un objectif de 4 Mds€ de ventes en 2018, redressement en Amérique et focus sur les produits à forte valeur ajoutée – sièges et technologies de contrôle des émissions ;
- Retour à la distribution de dividendes et maîtrise de l’endettement.

Les points faibles de la valeur
- Contexte tendu en Amérique du Sud et marché européen stabilisé à un niveau très bas ;
- Difficultés de l’actionnaire principal, PSA et profitabilité encore insuffisante en Amérique du nord ;
- Forte contraction de la production automobile en Amérique latine ;
- Valeur de retournement relativement chère en Bourse à ses plus hauts depuis 17 ans.

Comment suivre la valeur
- Activité dépendant entièrement des commandes des constructeurs et donc de la santé du marché automobile, par nature très cyclique ;
- Initiative de renforcement de la culture d’entreprise, « Being Faurecia », focalisée sur l’autonomie, le développement des talents et les valeurs d’entreprenariat ;
- Objectifs 2016 : hausse des ventes à plus de 21 Mds€, basculement du chiffre d’affaires de l’Europe vers l’Asie, cible prioritaire du groupe qui vise une implantation de 60 sites en Chine en 2016 (19 % des ventes attendues), et vers les Etats-Unis (objectif de 26 %), chiffre d’affaires supérieur à 21 Mds€, marge opérationnelle de 4,5 à 5 % ;
- Avancée des partenariats industriels avec Volkswagen, Ford et Renault demandeurs de plateformes modulaires générateurs de contrats à long terme pour les fournisseurs ;
- Retombées du partenariat avec le 2ème constructeur chinois Donggfeng, avec qui est créée une société commune à 50-50 ;
- Réalisation des objectifs 2015 d’une hausse de 5 % du chiffre d’affaires, d’un relèvement à plus de 4 % des marges opérationnelles et d’un cash flow net positif ;
- Spéculation régulière sur une vente de sa participation par Peugeot (51,7 % du capital).

Automobile - Equipementiers
L’autonomie et la connectivité sont les deux grands enjeux pour les équipementiers automobiles. Le Boston Consulting Group évalue à 42 milliards de dollars le marché potentiel de la seule connectivité à horizon 2025. Les français Faurecia et Valeo ont profité du dernier salon de Francfort pour dévoiler leurs ambitions dans ce domaine, avec la présentation de nouveaux produits. Valeo considère se situer parmi les meilleurs intervenants en matière d'autonomie, car il s’est investi dans ce créneau avant ses concurrents. Les équipementiers ne souhaitent néanmoins pas récolter des informations à des fins de traitement (« big data »), ce qui exigerait de leur part de nouvelles compétences.