* Le sommet franco-italien du 27 septembre sera crucial

* L'Italie promet d'être "ferme"

* Le Maire dit que Fincantieri reste le partenaire préféré (Actualisé avec réunion, Le Maire, Padoan)

par Gwénaëlle Barzic

ROME, 1er août (Reuters) - La France et L'Italie se sont donné mardi jusqu'au 27 septembre pour trouver un compromis sur la répartition du capital des chantiers navals de STX et jeter les bases d'une coopération commune navale civile et militaire entre les deux pays.

Le gouvernement français a procédé la semaine dernière à la nationalisation "temporaire" des chantiers de Saint-Nazaire, pour tenter d'obtenir du groupe italien Fincantieri un partage du capital à parité avec des intérêts publics français, provoquant la colère des autorités italiennes.

Le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, dont le gouvernement a ainsi dénoncé un accord conclu en avril dernier et qui donnait la majorité du capital à des intérêts italiens, s'est rendu à Rome pour jouer l'apaisement.

"Nous avons parfaitement conscience en France de l'émotion qu'a pu susciter la décision de préemption des chantiers navals de STX", a-t-il déclaré à l'issue de la réunion, en évoquant des discussions franches et approfondies.

"Nous sommes convenus de travailler ensemble pour bâtir cette coopération dans le domaine naval civil et militaire entre la France et l'Italie", a déclaré le ministre. "Nous allons nous donner jusqu'au 27 septembre pour bâtir les bases de cette coopération et ,je l'espère, trouver une solution sur STX."

Le 27 septembre est la date du sommet franco-italien qui se tiendra à Lyon et, dans un communiqué commun, la France s'engage à ne pas engager de négociations avec d'autres investisseurs potentiels jusqu'à cette échéance.

Le ministre italien de l'Economie Pier Carlo Padoan a estimé qu'il restait du temps pour trouver une solution avant cette date mais a réaffirmé son opposition à un partage à 50-50 des chantiers navals STX. "Nous resterons fermes", a-t-il dit.

Selon une source française, la partie italienne a fait connaître son mécontentement et ne voulait pas au départ du communiqué commun qui a finalement été publié.

Dans un entretien publié mardi par le quotidien italien Il Corriere della Sera, Bruno Le Maire a dit vouloir un investisseur privé pour les chantiers navals STX et affirmé que Fincantieri était le meilleur choix.

UN GROUPE STRATÉGIQUE

"Les chantiers navals de Saint-Nazaire (STX) ne doivent pas être dirigés par l'Etat français. Nous voulons un actionnaire privé et Fincantieri est aujourd'hui le meilleur groupe industriel à rejoindre ce grand projet franco-italien et européen", explique le ministre.

De source française, on ajoute qu'il "trop tôt pour dire quelle forme prendra cette coopération navale qui passera par un rapprochement entre Fincantieri et Naval Group" (ex-DCNS).

"Les deux dirigeants de ces sociétés sont très moteurs pour un rapprochement", a-t-on précisé de même source. "Ce sera un chantier long, sans doute un an."

Le ministre a ajouté que la France avait exercé son droit de préemption sur les chantiers navals simplement pour se donner davantage de temps et pour relancer les négociations avec Rome.

Bruno Le Maire a expliqué que cette décision n'avait pas été prise à l'encontre de l'Italie et que l'option d'un partenariat à 50-50 donnerait au président du conseil d'administration de STX désigné par Fincantieri "une voix prépondérante".

Il a observé que le précédent accord n'apportait pas suffisamment de garanties en termes d'emploi et d'usage des technologies, notamment parce que Saint-Nazaire fabrique des navire militaires, dont des porte-hélicoptères.

"La France est ouverte aux investissements italiens mais STX est unique et stratégique", a dit Bruno Le Maire.

L'Etat français possède un tiers de STX France et disposait d'un droit de préemption sur le solde du capital, dont Fincantieri a été désigné au printemps comme repreneur auprès de sa maison mère sud-coréenne en difficulté.

Bruno Le Maire a chiffré le coût du rachat des deux tiers promis au groupe italien à 80 millions d'euros, qui seront pris en charge par l'Agence des participations de l'Etat.

La menace d'une nationalisation temporaire de STX France avait déjà été brandie par le dernier gouvernement de François Hollande lors de la négociation d'un premier accord qui a abouti à un partage de son capital à hauteur de 54%-46% entre la partie italienne (dont 48% pour Fincantieri) et des intérêts publics français (l'Etat et Naval Group, l'ex-DCNS). (Avec Isla Binnie, édité par Yves Clarisse)