New York (awp/afp) - Ford a annoncé jeudi une hausse de ses résultats, rassurant Wall Street quant sa capacité à jouer les premiers rôles dans la transformation du secteur automobile par la voiture autonome, les véhicules électriques et l'auto-partage.

Le bénéfice net du groupe a bondi de 63,4% à 1,56 milliard de dollars au troisième trimestre achevé en septembre, ce qui s'est traduit par un bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du Nord, de 43 cents contre 33 cents attendus en moyenne par les analystes.

Cette envolée est due à une réduction importante des coûts de l'ordre de 700 millions de dollars en un an et au fait que Ford a payé beaucoup moins d'impôts qu'il ne le prévoyait.

Le constructeur automobile a rapatrié dans ses comptes américains un crédit d'impôt de 266 millions de dollars perçu à l'étranger, en anticipation de la réforme fiscale en discussion aux Etats-Unis. Cette dernière prévoit d'abaisser le taux d'imposition maximal des entreprises de 35% à 20%.

En dépit de la saturation du marché automobile américain, le chiffre d'affaires a augmenté de 1,4% à 36,451 milliards de dollars, supérieur aux 32,8 milliards escomptés en moyenne par les marchés financiers.

Les bonnes ventes des pick-up (camionnettes à plateau) F-Series, qui ont enregistré leurs meilleures ventes trimestrielles depuis 2005 avec un bond de 14%, ont notamment permis à Ford de compenser la baisse de la demande pour les berlines et citadines.

Les marges de ces gros véhicules, dont le prix était en moyenne de 45.400 dollars l'unité, en hausse de 6,6% sur un an, ont dopé le bénéfice opérationnel en Amérique du nord (Etats-Unis, Canada et Mexique), qui s'est envolé de 31% à 1,7 milliard de dollars pour une marge de 8,1% contre 5,80% à la même période un an plus tôt.

En Europe, où a été lancée la nouvelle Ford Fiesta, la marque a réduit ses pertes, en ne perdant que 86 millions de dollars lors des trois derniers mois, contre 224 millions un an plus tôt.

- "Solides" -

Si les effets du Brexit et les coûts de matières premières devraient peser sur les résultats du Vieux Continent en fin d'année, Ford estime qu'un léger mieux sur le marché russe devrait lui permettre d'y être toutefois rentable sur l'année.

Dans l'ensemble, le constructeur automobile s'attend à dégager un bénéfice par action 2017 compris entre 1,75 et 1,85 dollar, alors que les marchés anticipent 1,74 dollar.

Il a ainsi ajusté le bas de la fourchette qui était précédemment de 1,65 dollar, en raison, selon le directeur financier Bob Shanks, de l'optimisme de la direction sur les effets positifs à venir des mesures engagées pour dégager de la croissance.

"Les résultats du quatrième trimestre vont être très solides. Le bénéfice net sera supérieur au 1,6 milliard du troisième", a ajouté le dirigeant.

"Nous sommes déterminés à transformer notre activité", a déclaré lors d'une conférence téléphonique le PDG Jim Hackett, qui a remanié récemment son équipe en mettant ses hommes à des postes clés.

Début octobre, il a également présenté un plan de relance, baptisé "Fitness" (En forme), tablant sur 14 milliards de dollars d'économies d'ici 2022 et un recentrage sur les grosses voitures, tout en accélérant dans le tout-électrique et le tout-connecté.

Il veut notamment réduire les coûts de production en introduisant l'imprimante 3D, davantage de robots et des outils de réalité virtuelle dans les usines et diminuer de 20% le temps de développement d'un véhicule.

A Wall Street, le titre gagnait 1,18% à 14H40 GMT. Il fait du sur-place (-0,45%) depuis le début de l'année, alors que l'action de ses concurrents General Motors (GM) et Fiat Chrysler (FCA) a gagné respectivement 29% et 87%.

L'euphorie boursière entourant GM repose sur le pari que le géant de Detroit devrait être le premier groupe à commercialiser une voiture autonome, tandis que Fiat Chrysler profite de la multiplication des rumeurs sur son possible rachat.

Les deux groupes ont annoncé mardi de solides résultats trimestriels, même si GM a accusé une perte nette de 2,98 milliards de dollars due à de lourdes charges liées à la cession de sa marque européenne Vauxhall/Opel au constructeur français Peugeot. afp/rp