BORDEAUX, 20 janvier (Reuters) - L'intersyndicale de l'usine Ford de Blanquefort, près de Bordeaux, organise lundi une opération "usine morte" pour alerter sur les risques de fermeture de leur installation où 930 salariés en CDI fabriquent surtout des boîtes automatiques.

Le préfet Pierre Dartout a reçu cette semaine les élus et les représentants des collectivités territoriales concernées et a insisté dans un communiqué sur la "vigilance" des autorités pour que "l'investissement annoncé par Ford Europe, le 18 juillet 2016 lors du comité de suivi de FAI, se concrétise".

"Dans cette optique, les pouvoirs publics rencontreront les dirigeants de Ford Europe à plusieurs reprises au mois de février. Ils demanderont à ces occasions leur présence à un comité de suivi pour pouvoir organiser une discussion constructive autour du futur de l'usine et s'assurer du maintien de l'emploi et de l'activité au sein de l'usine FAI de Blanquefort", ajoute le communiqué.

Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, a reçu vendredi les représentants syndicaux de l'usine en tant que président de Bordeaux-Métropole et a déclaré dans un communiqué avoir obtenu "la tenue urgente d'un comité de pilotage, en présence des dirigeants de Ford Europe".

"Les prochaines semaines seront décisives pour l'avenir de FAI (Ford Aquitaine Industrie)", a-t-il dit.

En mai 2013, une convention avait été signée entre les collectivités territoriales et Ford en échange d'une aide financière de 12 millions d'euros qui n'a pas à ce jour été entièrement versée. Ce plan prend fin en mai 2018.

Lors du dernier comité de suivi le 18 juillet dernier, les représentants de Ford Europe avaient confirmé leur projet de confier à l'usine de Blanquefort la fabrication d'une nouvelle transmission automatique, la 6F15, qui devait remplacer d'ici 2019 la boîte 6F35 fabriquée depuis 2013.

NOUVELLE BOITE DE VITESSE

La décision définitive concernant ce projet doit être prise dans le courant du 2e trimestre 2017 mais d'ores et déjà le faible niveau de production prévue pour les années à venir nourrit les inquiétudes des salariés et des élus.

Ces inquiétudes ont été alimentées par la CFE-CGC qui a eu accès à des documents internes indiquant que la situation était dégradée et notamment que les productions actuelles de boîtes de vitesse 6F35, d'enveloppes protectrices de moteur, de carters Fox et de doubles embrayages (DCT) ne sont pas conformes aux prévisions et aux engagements de leur direction.

Le directeur de la communication de Ford France, Frédéric Devanlay, a indiqué à Reuters que "la fabrication de la boîte 6F15 passe par un cycle de validations industrielles dont la prochaine étape est fixée avant l'été".

"Il y a une feuille de route, des engagements, des projets structurants, un objectif qui nous amène à 2018. Les partenaires sociaux sont légitimement demandeurs sur ce qui va se passer après 2018", a-t-il ajouté.

"Le maintien de 1.000 emplois est un objectif pas un engagement, et d'ailleurs les aides sont proratisées à l'atteinte de cet objectif", a-t-il dit en soulignant que "Ford sur la période a investi dix fois plus que ces aides, soit environ 120 millions de dollars". (Claude Canellas, édité par Yves Clarisse)