L'annonce a été accueillie avec consternation par Uniper, que Fortum pourrait être tenté de démanteler selon certains analystes.

Le groupe finlandais de services aux collectivités est largement focalisé sur la production d'énergie non fossile, principalement dans les pays nordiques et la Russie. Il est à l'affût d'opérations de croissance externe depuis la vente il y a quelques années de ses réseaux de distribution d'électricité pour 9,3 milliards d'euros.

Des sources proches du dossier ont dit à Reuters que Fortum lorgnait surtout les centrales hydroélectriques d'Uniper et ses intérêts dans des réacteurs nucléaires en Suède, et qu'il était déjà en contact avec un partenaire susceptible de reprendre les centrales à charbon d'Uniper.

"Cela montre qu'il n'y a pas d'opportunité optimale sur le marché pour Fortum", estime Petri Gostowski, analyste chez Inderes Equity Research, qui a une opinion d'"alléger" sur le titre.

Fortum s'est dit prêt à payer 22 euros par action pour reprendre les 47% d'E.ON dans Uniper, soit un prix de 3,76 milliards d'euros qui valorise le groupe dans son ensemble à 8,05 milliards d'euros hors dette.

Aux termes de la réglementation boursière allemande, il serait tenu, après le rachat des parts d'E.ON, de lancer une offre sur le solde d'Uniper.

Fortum a indiqué qu'il soumettrait une offre au début 2018 mais uniquement pour la participation d'E.ON, et il a ajouté vouloir être un partenaire "constructif" pour Uniper.

"Ceci n'est pas une prise de contrôle, c'est un investissement significatif", a déclaré Pekka Lundmark, le directeur général du groupe finlandais, lors d'une conférence téléphonique. "Nous pensons qu'il y aura des possibilités très intéressantes de coopération entre les deux entreprises."

Le prix de 22 euros par action représente une prime de 4,5% par rapport au cours de clôture d'Uniper mardi et une surcote de 36% par rapport au mois de mai, avant que des informations sur un accord entre E.ON et Fortum ne commencent à circuler.

L'action Uniper a fini en hausse de 5,91% à 22,30 euros à la Bourse de Francfort mercredi, signe que les investisseurs espèrent une offre améliorée, tandis qu'E.ON a pris 2,77% et Fortum 4,19% à Helsinki.

A la question de savoir si Fortum pourrait augmenter son prix, Pekka Lundmark a répondu : "C'est très simple, il n'y a qu'une offre et c'est celle-là."

UNIPER MARQUE SA DÉSAPPROBATION

Uniper a exprimé sa surprise et désapprobation après les annonces de Fortum et d'E.ON.

"Cette offre de reprise non sollicitée ne correspond clairement pas à la stratégie d'Uniper", a déclaré son directeur général Klaus Schäfer dans un communiqué.

Uniper, qui a réalisé un chiffre d'affaires d'environ 67 milliards d'euros en 2016, opère des centrales hydroélectriques, à charbon et à gaz en Europe et détient des participations dans des gazoducs, terminaux de GNL et centrales nucléaires, sans parler de ses activités dans le négoce.

Fortum a proposé une fusion totale des deux groupes pendant l'été mais s'est heurté à une fin de non recevoir d'Uniper, a révélé Pekka Lundmark.

Fortum, a-t-il ajouté, restera axé sur les énergies propres même après le rapprochement éventuel avec Uniper. "Nous pensons que cette transaction pourrait accélérer la transition énergétique en Europe (...) Il est question de décarbonisation, ce qui est très important", a-t-il dit.

Après des années de chute des prix de gros de l'électricité, E.ON a scindé ses centrales électriques classiques au sein d'Uniper pour se recentrer sur les énergies renouvelables et la distribution.

Joannes Teyssen, le président du directoire d'E.ON, avait dit en mai son souhait de se désengager rapidement d'Uniper, soit via un placement en Bourse, soit via une transaction avec une tierce partie.

Profitant d'un rebond des prix de gros de l'électricité, Uniper a relevé le mois dernier ses prévisions de bénéfice et de dividende pour 2017, ce qui a propulsé son titre à un nouveau plus haut record depuis son introduction en Bourse en septembre 2016.

(Catherine Mallebay-Vacqueur et Véronique Tison pour le service français)

par Arno Schuetze et Jussi Rosendahl

Valeurs citées dans l'article : Fortum Oyj, E.ON, Uniper SE