Francfort (awp/afp) - Le projet d'acquisition par le groupe allemand Fresenius d'un gros fabricant de médicaments génériques aux Etats-Unis a tourné court et se transforme en règlement de compte sur la place publique entre les deux sociétés.

Le spécialiste allemand des produits de santé estime que le dossier le dossier de son projet de reprise du laboratoire Akorn, valorisé 4 milliards d'euros, est désormais "refermé", a indiqué lundi Matthias Link, porte-parole de Fresenius, à l'AFP.

Dimanche soir, le groupe avait annoncé sa décision couperet en renonçant à l'acquisition du groupe américain, annoncée il y a un an pour 4 milliards d'euros.

Fresenius reproche à Akorn "entre autres" d'être responsable de "graves violations des règlementations" de l'Agence américaine du médicament, la FDA, sur les données qu'il a fournies concernant le développement de ses médicaments.

- Akorn furieux -

Le groupe américain ne l'entend pas de cette oreille et refuse de considérer que le projet d'acquisition est caduc. "Nous avons l'intention de faire valoir vigoureusement nos droits et les obligations de Fresenius dans le cadre de notre accord de fusion", a répondu du tac au tac Akorn dans un communiqué de quelques lignes dimanche soir.

"Nous sommes catégoriquement en désaccord avec les accusations de Fresenius", a martelé dimanche soir le groupe de Lake Forest.

"Nous avons noté la réaction d'Akorn, elle ne change rien ni aux faits ni à notre décision", a commenté sèchement lundi le porte-parole de Fresenius.

A ce stade, Fresenius exclut de repartir dans une nouvelle négociation en vue de reprendre l'américain, fût-ce à un prix bradé, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.

Car d'"autres raisons" ont motivé sa décision de se retirer du jeu, à savoir ses doutes sur "l'exactitude des +déclarations et garanties+ faites par Akorn avant que ne soit signé un projet de reprise l'an dernier", a expliqué lundi M. Link, sans plus de détails car ces informations doivent rester confidentielles.

Mais ce qui se cantonne encore à un duel verbal à distance entre les deux groupe pourrait tourner à l'affrontement direct en justice, ouvrant une période d'incertitude pour les deux parties prenantes.

Tout s'annonçait pourtant comme un conte de fées entre les deux groupes quant Fresenius annonça en avril 2017 vouloir reprendre l'américain dont le portefeuille de produits s'accordait "de manière excellente à Fresenius Kabi", la filiale de Fresenius dans les génériques.

Le directoire d'Akorn, qui compte plus de 2.000 employés, a recommandé alors à ses actionnaires d'approuver cette offre.

Le bouclage de l'opération, voulu à l'origine pour fin 2017, a tardé cependant à se concrétiser et ce pour une bonne raison: des indices portés à la connaissance de Fresenius par des "sources anonymes" et mettant en cause l'intégrité des déclarations d'Akorn sur les développements de certains de ses produits.

- Enquête indépendante -

Elles ont amené le groupe allemand à lancer une enquête indépendante en février.

Une fois cette enquête bouclée et les soupçons anonymes transformés en accusations tangibles, selon Fresenius, le couperet est tombé.

"Les actionnaires de Fresenius SE devront maintenant attendre de voir exactement comment Akorn compte répondre", indique la banque Berenberg dans une note publiée lundi.

Le laboratoire américain pourrait porter l'affaire devant un tribunal.

Ce n'est pas une "surprise" si Akorn affiche son intention d'en découdre avec Fresenius, car "à ce stade, Akorn n'a pas beaucoup à perdre pour ses actionnaires et beaucoup à gagner potentiellement", ajoute la banque, qui conclut qu'une "période d'incertitude pourrait s'ouvrir pour les actionnaires de Fresenius SE".

Une chose est sûre, Fresenius n'aura pas à supporter de risque financier à ce stade car le contrat de rapprochement avec Akorn ne comprenait pas de clause prévoyant des dommages à verser en cas de suppression du projet, selon une source proche du dossier.

A la Bourse de Francfort, étale lundi, (Dax:-0,01%), le titre Fresenius progressait à mi-journée de 0,18% à 65,82 euros, mais après avoir démarré la séance en trombe avec un gain supérieur à 3%.

afp/rp