Un mouvement de consolidation était attendu dans l'industrie des arômes et parfums après l'annonce en mars d'un projet de rachat du français Naturex par Givaudan pour 1,3 milliard d'euros.

L'offre d'IFF sur Frutarom, dont les termes ont été approuvés par les conseils d'administration des deux sociétés, sera la deuxième plus importante acquisition jamais effectuée en Israël après le rachat de Mobileye par Intel pour 15 milliards de dollars l'an dernier.

"En regroupant notre profonde expertise en R&D avec celle de Frutarom, nous offrons à nos clients une palette plus large de solutions et accélérons notre stratégie de croissance", a déclaré le directeur général d'IFF, Andreas Fibig.

Le chiffre d'affaires de Givaudan est attendu cette année à 5,34 milliards de francs suisses (5,3 milliards de dollars ou 4,5 milliards d'euros), hors acquisition de Naturex, selon les estimations d'analystes recueillies par Thomson Reuters.

Le chiffre d'affaires cumulé d'IFF et de Frutarom serait du même ordre, autour de 5,3 milliards de dollars. L'américain est actuellement au niveau de l'allemand Symrise, avec 3,1 milliards d'euros de ventes attendues en 2018, et du suisse Firmenich.

IFF a aussi mis l'accent sur la complémentarité des clients, des capacités et de la portée géographiques des deux groupes, qui lui apporteront "davantage d'exposition à des marchés finaux en forte croissance", selon le communiqué publié lundi.

70.000 PRODUITS, NATURELS POUR LA PLUPART

Dans le cadre de l'accord, les actionnaires de Frutarom recevront 71,19 dollars et 0,249 action d'IFF pour chaque titre apporté, soit un prix total de 106,25 dollars par action Frutarom qui représente une prime de 11% par rapport à son cours de clôture de vendredi.

IFF, qui reprendra aussi la dette nette de Frutarom, a précisé avoir obtenu l'accord d'ICC Industries, principal actionnaire du groupe israélien avec une participation de 36%.

La position du deuxième actionnaire, Fidelity Management and Research, qui détient 8,9% de Frutarom, n'est pas encore connue.

Frutarom vend plus de 70.000 produits dans 150 pays à destination des industries agroalimentaire, pharmaceutique et des cosmétiques. Les produits naturels représentent plus de 75% de ses ventes.

Parmi ses principaux clients figurent Unilever, Nestlé et Coca Cola, ainsi que le groupe israélien Osem.

La capitalisation boursière du groupe israélien est de l'ordre de 5,7 milliards de dollars et il vise un chiffre d'affaires annuel de 2,25 milliards d'ici 2020, grâce en partie à une série d'acquisitions réalisées ces dernières années.

IFF et Frutarom entendent dégager quelque 145 millions de dollars de synergies d'ici le troisième exercice qui suivra la finalisation de l'accord, 25% de ces économies devant être réalisées au cours de la première année pleine.

L'accord devrait par ailleurs avoir un impact neutre sur le bénéfice par action (BPA) ajusté lors de la première année puis un effet positif dès la deuxième année.

La finalisation est attendue dans les six à neuf mois, après obtention des autorisations nécessaires.

IFF conservera son siège à New York mais maintiendra une présence en Israël. Ses actions seront cotées sur le New York Stock Exchange et à la Bourse de Tel Aviv.

Le directeur général de Frutarom, Ori Yehudai, deviendra conseiller stratégique d'Andreas Fibig.

L'action Frutarom grimpe de 2,75% à Tel Aviv vers 12h40 GMT, portant sa hausse à près de 9% depuis le début de l'année après un bond de 65% en 2017.

(avec la contribution de Ludwig Burger ; Nicolas Delame et Véronique Tison pour le service français)

par Steven Scheer