Berne (awp/ats) - Etienne Jornod a de la peine à admettre le démantèlement du groupe bernois Galenica. Selon le président du conseil d'administration, "le marché, influencé par les analystes financiers, ne comprend pas la logique d'associer une société de logistique à un industriel pharmaceutique, et ne sait pas dans quelle branche nous placer".

"Le modèle commercial de Galenica est exceptionnel," a déclaré Etienne Jornod dans une interview parue samedi dans Le Temps. "Si une famille, et non une multitude d'actionnaires intéressés au profit à court terme, était propriétaire majoritaire du groupe, je suis certain qu'elle ne toucherait pas à la structure de cette perle".

Des changements d'actionnaires ont aussi influencé cette scission. L'actionnaire de référence de Galenica, Alliance Boots a fusionné avec l'Américain Walgreens, et ses participations ont été cédées à une société financière privée dont la vocation est de réaliser des plus-values. "Avec notre action, ils ont gagné énormément d'argent et veulent le réaliser", observe le Neuchâtelois.

"J'ai activement recherché un nouvel actionnaire de référence stable. Mais la valorisation de Galenica est devenue énorme, en passant de 200 millions de francs suisses à 10 milliards en 20 ans. Il a été impossible de trouver une famille, ou plusieurs, décidées à investir 2,5 milliards de francs suisses, sans avoir le contrôle de la société", déplore Etienne Jornod, également président de la Neue Zürcher Zeitung.

"Mal au coeur"

Le président de Galenica, qui a aussi dirigé l'entreprise pendant une vingtaine d'années, ne regrette pas le choix d'Alliance Boots il y a 15 ans. "Nous avons voulu un partenaire stratégique pour nous aider à nous développer dans la distribution et l'intégration de chaînes de pharmacies. Mais il faut être réaliste, qu'ils soient restés 16 ans est déjà formidable".

"Par contre, si Galenica appartenait à une famille, on ne serait pas obligé de séparer Galenica en deux. (...) Dans le système capitaliste, il y a tout de même certaines choses qui me font mal au coeur", ajoute Etienne Jornod, qui se retirera de sa fonction quand la scission entre Vifor Pharma (production pharmaceutique) et Galenica Santé (fourniture aux pharmacies et hôpitaux ou la distribution en pharmacie) sera effective.

La séparation du groupe Galenica est prévue au quatrième trimestre de cette année. En 2015, le groupe a vu son chiffre d'affaires net consolidé progresser de 11% pour atteindre 3,791 milliards de francs suisses. Il a réalisé un bénéfice net de 301,1 millions de francs suisses, en hausse de 5,8% par rapport à 2014.