Zurich (awp) - Le gestionnaire d'actifs GAM a surpris son monde au 3e trimestre, réalisant une collecte décoiffant les attentes. Cette performance est toutefois à relativiser. Les afflux relèvent principalement d'un client existant qui bénéficie de prix préférentiels. Du point de vue des produits, seule la stratégie taux fixes (fixed income) draine de l'argent. Investisseurs et analystes sont mitigés.

A fin septembre, la masse sous gestion s'est inscrite à 148,8 mrd CHF, un niveau largement supérieur aux prévisions du consensus AWP, qui tablait sur 136 mrd. Sur trois mois, les volumes ont gonflé de 13%, tandis que la hausse sur neuf mois atteint 23%, indique jeudi le groupe zurichois.

Au cours du troisième trimestre, les entrées nettes d'argent se sont envolées à 11,8 mrd CHF, alors que les analystes s'attendaient en moyenne à 1,9 mrd CHF.

La plus grande partie des afflux provient d'un client de la division Private labelling existant et qui présente une marge de frais de gestion inférieure à la moyenne, selon le communiqué. Cette unité, qui proposent des solution d'externalisation, a enregistré des entrées de 8,3 mrd, pour une masse sous gestion de 78,7 mrd (+9%).

Dans le domaine gestion d'investissement (investment management), les actifs administrés ont crû de 9% à 78,7 mrd CHF, au bénéfice d'afflux de 3,5 mrd. GAM revendique une amélioration du résultat de ses placements, avec 75% des actifs gérés par cette division ayant surperformé le marché. Au 30 juin, la proportion était de 71%.

STRATÉGIES STAGNANTES

Les stratégies de rendement absolu (absolute return) ont accusé des reflux de 0,6 mrd CHF, alors que leurs homologues se concentrant sur les taux fixes (fixed income) ont engrangé 4,1 mrd.

Les solutions multi-actifs et les placements alternatifs ont enregistré des sorties de 0,1 mrd chacun. Les actions et les stratégies systématiques ont récolté toutes deux 0,1 mrd.

Les prévisions du consensus sont également dépassées dans ces deux divisions.

L'optimisme reste de mise pour les trois derniers mois de l'année. GAM ne fournit aucune prévision chiffrée mais indique que l'efficience opérationnelle figure parmi ses priorités. Le gestionnaire d'actifs poursuit depuis plusieurs années un programme dans ce sens, en ayant notamment recours à des prestataires externes.

Le groupe a décide d'assumer dès janvier 2018 tous les coûts de recherche liée aux marchés, dans le sillage de l'entrée en vigueur des directives financières européennes MiFID II. Les frais engendrés approcheront les 5 mio CHF par année.

Le groupe zurichois précise par ailleurs qu'il informera sur la politique des salaires de ses dirigeants avant la publication des résultats annuels. L'assemblée générale avait rejeté en avril le rapport des rémunérations 2016 et renvoyé la copie au conseil d'administration.

GARE À NE PAS TROP USER LE MOTEUR

Malgré la collecte au 3e trimestre, les investisseurs ont boudé le titre. La nominative GAM a abandonné 1,6% à 15,50 CHF, dans un SPI en recul de 0,82%.

Les stratégies à taux fixe (fixed income) continuent à attirer l'argent, alors que les autres offres de placement évoluent de manière négative ou mitigée, souligne Vontobel. GAM reste très dépendant de son produit phare. L'analyste Andreas Venditti revoit à la hausse ses estimations pour la collecte mais les abaisse en ce qui concerne les marges.

Pour la Banque cantonale de Zurich (ZKB), les frais de gestion ne pourront pas être améliorés au troisième trimestre, malgré les entrées d'argent enregistrées.

GAM, qui propose une palette de produits diversifiée, est un moteur qui ne sollicite pas tous les cylindres à la fois. Toutefois, fonctionner constamment sur un seul pourrait être préjudiciable pour sa durée de vie, image Michael Kunz.

Assez dithyrambique, Baader Helvea parle d'afflux "extraordinaires" et de rythme de croissance "remarquable". Au vu des récents développements, l'action pourrait à nouveau retrouver ses niveaux historiques au-dessus de 20 CHF.

fr/jh