Les investisseurs avaient beau ne pas se faire d'illusions à propos de la performance commerciale de Gameloft au quatrième trimestre, ils n'en n'ont pas moins été déçus. L'action de l'éditeur de jeux vidéo pour téléphones mobiles et tablettes connectés perd ainsi 3,65% à 2,90 euros, portant à 58% sa chute sur un an, période au cours de laquelle il a multiplié avertissements sur résultats et ventes décevantes.

Dernière publication inférieure aux anticipations en date, le chiffre d'affaires du quatrième trimestre a reculé de 3% (-6% hors effets de devises) à 60,2 millions d'euros. Il est ressorti inférieur de 8 millions d'euros au consensus. Sur l'ensemble de 2014, les ventes ont reculé de 3% à 227,3 millions d'euros, un niveau bien inférieur à l'objectif du groupe de 245 millions, qui semblait bien difficile à atteindre.

L'activité de Gameloft a été pénalisée par la faible contribution des nouveaux jeux en raison d'un nombre plus faible de sorties, de lancements plus tardifs et de déceptions sur certains jeux. Les jeux du catalogue existant ont pour leur part enregistré une croissance de 15% et représenté près de 90% des ventes 2014.

L'activité n'ayant pas été à la hauteur des attentes et les prévisions de charges opérationnelles courantes de l'exercice demeurant inchangées aux alentours de 230 millions d'euros, Gameloft devrait enregistrer une perte opérationnelle courante cette année. Kepler Cheuvreux, qui a abaissé sa recommandation de Conserver à Alléger, anticipe désormais une perte de 4,7 millions, Oddo de 2 millions et CIC de 3 millions d'euros. Le résultat opérationnel courant avait atteint 28,4 millions d'euros en 2013.

Gameloft prévoit de se relancer en 2015 à la faveur de lancements réguliers de nouveaux jeux (cinq par trimestre) et le développement des revenus publicitaires, un virage stratégique opéré l'année dernière. Etant donné le manque de visibilité sur l'activité après les déceptions de 2014 et le contexte très concurrentiel du secteur, CIC et Bryan Garnier recommandent de rester à l'écart de la valeur.

Au même moment, son ancien actionnaire Ubisoft fait les beaux jours de la Bourse avec un gain de 66% en un an grâce au succès de ses jeux et des consoles de salon de dernière génération. Les chiffres de vente de ces dernières montrent qu'elles n'ont finalement pas été phagocytées par les jeux mobiles, comme le prévoyaient certains analystes.

(C.J)

Valeurs citées dans l'article : GAMELOFT, UBISOFT ENTERTAIN