PARIS (awp/afp) - Le géant russe Gazprom et ses partenaires européens du projet de gazoduc Nord Stream 2, dont le français Engie, ont annoncé vendredi avoir renoncé à créer une coentreprise pour mener à bien ce chantier, après un avis défavorable de l'autorité de la concurrence polonaise.

"Les parties ont conjointement décidé de retirer leur notification de contrôle de la concentration déposée auprès de l'autorité polonaise de concurrence", ont annoncé dans un communiqué Gazprom, Engie, ainsi que l'anglo-néerlandais Shell, l'autrichien OMV, les allemand Uniper (groupe EON) et Wintershall (groupe BASF).

Ces entreprises du secteur de l'énergie avaient prévu de s'associer au sein de la coentreprise Nord Stream 2 AG, basée à Zoug (Suisse), en vue de construire ce nouveau gazoduc qui doit doubler le gazoduc existant Nord Stream, et relier comme lui la Russie à l'Allemagne via la mer Baltique. Cette nouvelle conduite sous-marine disposerait d'une capacité de 55 milliards de m3, pour un coût estimé à 8 milliards d'euros.

Saisie en décembre pour autoriser l'entrée des partenaires de Gazprom au sein du consortium Nord Stream 2 AG, l'autorité de la concurrence polonaise a émis fin juillet "des objections à la transaction prévue", selon un avis publié sur son site internet.

L'opération "pourrait conduire à une restriction de la concurrence" et "renforcer davantage la position de négociation" de Gazprom, qui jouit déjà d'un "position dominante en ce qui concerne la transmission de gaz à la Pologne", explique l'autorité.

"Le projet de joint-venture ne sera pas fait", mais "ce n'est pas le projet de Nord Stream 2 lui-même qui est abandonné", a confirmé à l'AFP une porte-parole d'Engie.

Le sujet divise les européens sur fond de tensions géopolitiques avec Moscou. Berlin, qui défend le projet, se heurte à une vive opposition des pays de l'Est, menés par Varsovie.

Rome a aussi haussé le ton, tandis que la Commission européenne, déjà en litige avec Gazprom, juge que ce nouveau gazoduc n'est "pas une priorité".

Le groupe russe et ses partenaires sont à l'inverse convaincus de "la nécessité de ce projet pour le système énergétique européen" et les alliés européens du groupe russe vont "étudier individuellement d'autres alternatives pour y contribuer".

L'abandon de leur coentreprise "n'aura pas d'impact sur la poursuite (...) de la construction du gazoduc Nord Stream 2, selon les délais prévus", assurent-ils. Le chantier est censé débuter en avril 2018.

gbh/fpo/az