Rapperswil-Jona (awp) - Geberit a accusé sur les six premiers mois de l'année une légère érosion de ses revenus, assortie d'un plongeon marqué de la rentabilité. L'équipementier de salles de bains évoque le prix de la fermeture de deux sites de production en France, de nouveaux frais non-récurrents liés à l'acquisition du céramiste scandinave Sanitec, ainsi qu'un renchérissement de son approvisionnement en matières premières. Hors effets de changes, le groupe revendique une croissance organique de 2,8%.

Le chiffre d'affaires s'est tassé de 0,7% à 1,47 mrd CHF, tandis que l'excédent d'exploitation (Ebit) s'est affaissé de 14,9% à 314,5 mio. Le bénéfice net a cédé près d'un cinquième à 258,2 mio.

Hors frais d'intégration et d'amortissement, l'Ebit a fondu de 2,7% à 379,7 mio CHF et le bénéfice net de 4,0% à 319,9 mio, détaille le compte-rendu d'activité publié jeudi. L'impact sur l'excédent d'exploitation de la fermeture des sites en France est confirmé à 44 mio.

La performance en termes réels comme ajustés douche les attentes moyennes des analystes consultés par AWP, qui articulaient un chiffre d'affaires de 1,49 mrd, un Ebit de 329,7 mio et un bénéfice net de 275,1 mio CHF. Apurées des éléments jugés exceptionnels, les projections faisaient état d'un Ebit de 388,4 mio et d'un résultat net de 328,6 mio.

Sur le seul deuxième trimestre, la rentabilité opérationnelle a calé de plus de 30% à 134,3 mio CHF et le bénéfice net a été amputé d'un bon tiers à 104,8 mio.

TABLEAU CONTRASTÉ

En termes de débouchés, l'Allemagne a essuyé sur le semestre un tassement des recettes de 4,8% à 447,3 mio CHF et la Suisse de 6,8% à 138,8 mio. L'agenceur de salles d'aisance pointe du doigt outre-Rhin une pénurie persistante d'installateurs. Les pays nordiques ont égaré 0,6%, tandis que l'Europe centrale et orientale a gagné 6,7% à 138,6 mio.

Hors variation monétaire, l'ensemble du Vieux continent a dégagé une croissance de 2,2%. La zone Extrême-Orient/Pacifique a bondi de 14,2% et le Moyen-Orient et l'Afrique de 12,7%. Le continent américain a étoffé sa contribution de 5,0%.

Par segment, les systèmes sanitaires ont progressé de manière organique de 3,7% à 705,4 mio CHF et les systèmes de tuyauterie de 2,1% à 425,1 mio. Les céramiques sanitaires en revanche ont accusé un tassement de 3,5% à 341,8 mio.

La direction s'aventure désormais sur le terrain des objectifs chiffrés pour l'ensemble de l'exercice, évoquant une croissance organique de 3 à 4% et une marge brute opérationnelle (Ebitda) ajustée d'environ 28%.

Le directeur général (CEO) Christian Buhl a prévenu en téléconférence que les capacités d'installation en Allemagne risquaient de demeurer bridées pour une période encore indéterminée et que cette tendance commençait à se propager également aux Pays-Bas.

Les prix des matières premières risquent aussi de peser sur la suite de l'exercice, dans une moindre mesure toutefois que sur les six premiers mois.

MAUVAIS MOMENT À PASSER

Les analystes avaient pris bonne note des vents contraires maintes fois évoquées par la direction sur la marche des affaires au premier semestre. L'ampleur de la déconvenue engendre nonobstant un vaste mouvement de réprobation parmi les observateurs. UBS relève ainsi qu'en plus de la performance, les perspectives brossées par la direction pour la suite de l'exercice paraissent bien timides.

Société Générale ne cache pas non plus sa déception, mais souligne que la soustraction de trois jours ouvrés sur le premier semestre 2017 par rapport à 2016 n'a pas aidé Geberit à contenir le recul de ses résultats.

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) s'inquiète notamment du repli constaté sur l'important marché allemand, qui représente près d'un tiers des revenus du groupe.

La copie rendue par Geberit éveille les inquiétudes de la Banque royale du Canada (RBC) quant à son potentiel de croissance et au bien fondé de l'acquisition de Sanitec, au vu de la volatilité induite par cette opération sur les ventes.

Moins pessimiste, Vontobel relève que la base de comparaison sur le second semestre sera moins défavorable qu'au premier et qu'un renforcement de l'euro face au franc apporterait un coup de pouce bienvenu pour Geberit. La banque privée rappelle par ailleurs que la multinationale saint-galloise se montre traditionnellement réservée au moment d'articuler un jalon pour la rentabilité opérationnelle.

A 11h18, la nominative Geberit abandonnait 5,3% à 453,40, en fond de classement d'un SMI en recul de 0,65%.

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