Zurich (awp) - Geberit a réalisé sur les neuf premiers mois de l'exercice 2017 des résultats mitigés. Les ventes ont progressé, mais en dessous des attentes du marché, et la rentabilité souffre toujours des coûts d'intégration de Sanitec et du prix des matières premières. Face à sa performance, le spécialiste des techniques sanitaires a légèrement raboté ses ambitions annuelles, au grand dam des analystes et des investisseurs qui ont vendu le titre.

Le chiffre d'affaires net a affiché une progression de 1,4% sur un an à 2,20 mrd CHF, inférieur à la moyenne des prévisions. Ajustée des effets de change, la croissance organique se monte à 3,0%, a précisé l'entreprise mardi dans un communiqué.

L'évolution des ventes a été positive en dépit de l'impact sur les recettes de la cession de Koralle et de Varicor, a souligné le groupe saint-gallois. Sur le seul 3e trimestre, Geberit a vu son chiffre d'affaires progresser de 5,8% à 733 mio, pour une croissance organique de 3,3%.

L'excédent brut d'exploitation (Ebitda) dégagé entre janvier et septembre est ressorti en baisse de 6,9% à 605,0 mio CHF. Sur une base ajustée, la tendance est légèrement positive (+0,2% à 653,0 mio CHF), pour une marge afférente de 29,7%, en repli de 30 points de base (pb) sur un an.

Le bénéfice avant intérêts et impôts (Ebit) a chuté de 9,3%, un recul que le groupe explique par la hausse du prix des matières premières ainsi que des coûts de personnel et des amortissements. Le résultat net s'est établi à 416,7 mio CHF, en repli de 11,2%. En termes ajustés, la contraction est ramenée à 1,1%.

A l'exception du bénéfice net ajusté, la copie rendue par Geberit est inférieur aux projections du consensus AWP. L'Ebitda a même déçu les expectatives les plus conservatrices.

BARRE REDRESSÉE EN ALLEMAGNE

En Allemagne, principal débouché du groupe, la bonne performance au 3e trimestre (+2,6%) a permis de renouer in extremis avec la croissance (+0,2%), malgré la pénurie persistante d'installateurs sanitaires, qui freine toujours ce marché.

En téléconférence, le directeur général (CEO) Christian Buhl s'est dit confiant en ce qui concerne la demande, mais estime que le manque de personnel qualifié ne va pas se résorber de si tôt. Il n'a toutefois pas voulu formuler de prévisions pour ce marché au 4e trimestre.

En Suisse, la croissance a également été de 0,2%, alors que pour l'ensemble de l'Europe, elle s'est établie à 2,3%, malgré la contraction de 7,8% observée dans la région Royaume-Uni/Irlande.

Alors que les régions Extrême-Orient/Pacifique (+16,0%) et Moyen-Orient/Afrique (+14,6%) ont connu une poussée de croissance, les ventes nettes outre-Atlantique ont progressé plus modestement (+2,7%).

OBJECTIFS RABOTÉS

Pour l'ensemble de l'exercice, la direction s'attend à une croissance organique des ventes nettes, hors effets de change, "d'environ 3%" et une marge Ebitda ajustée "d'environ 28%". En août, lors de la de la présentation des chiffres à mi-parcours, l'entreprise avait dit viser une croissance située "entre 3 et 4%".

Le patron de Geberit explique la révision à la baisse des ambitions annuelles par le fait que la deuxième partie du 3e trimestre s'est avérée décevante, après le robuste mois de juillet. L'ajustement des objectifs n'est pas à mettre en relation avec la performance du groupe dans une région spécifique, a-t-il assuré.

Sur le front des matières premières, le CEO ne s'attend pas à une embellie. Il n'entend toutefois pas procéder à des hausses de prix extraordinaires, rappelant que le groupe avait profité de la chute des prix des matières premières en 2015 et en 2016.

Malgré la légère progression des ventes et l'optimisme affiché par la direction, analystes et investisseurs se pincent le nez face au rabotage des ambitions annuelles et à la dégradation de la rentabilité. La plupart des experts estiment que seule la forte appréciation de l'euro face au franc est de nature éviter au titre une révision à la baisse.

Baader Helvea estime que les chiffres manquent de panache et la direction d'ambition. L'objectif de croissance organique à long terme de 4 à 6% est considéré "de plus en plus irréaliste".

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) relève que la dynamique s'est accélérée au 3e trimestre, mais pas autant qu'anticipé par le marché. La recommandation "pondérer au marché" est reconduite.

Plus amène, Vontobel s'attend à voir les bénéfices s'améliorer en 2018, du fait notamment de l'absence de coûts de restructuration et des effets positifs liés à l'intégration de Sanitec. La banque privée confirme sa recommandation d'achat du titre.

A la Bourse, l'action Geberit a terminé en baisse de 4,5% à 451,60 CHF, dans un SMI en hausse de 0,73%.

buc/al