Paris (awp/afp) - Les difficultés de la conversion des Etats-Unis aux cartes à puce et le déclin du marché des cartes SIM ont fait plonger le spécialiste français de la sécurité numérique Gemalto dans le rouge au premier semestre, une amélioration n'étant pas attendue avant l'an prochain.

Gemalto a publié vendredi une perte nette de 473,3 millions d'euros au premier semestre, contre un résultat positif de 57,7 millions un an plus tôt. Cette perte est en grande partie due à une charge exceptionnelle de 425 millions d'euros, passée en raison de la détérioration du marché des cartes SIM.

Le groupe préfère mettre en avant un résultat ajusté "afin de mieux évaluer ses performances passées et futures", et "dans lequel le résultat des activités opérationnelles constitue la valeur de référence permettant d'évaluer l'activité et de prendre les décisions relatives à l'exploitation de la période de 2010 à 2017".

Ces différences de calcul amènent la direction à faire état d'un bénéfice net ajusté divisé par 2,7 au premier semestre, mais toujours positif, à 39,4 millions d'euros.

La marge brute ajustée est en baisse de 3,2 points à 36%, tandis que le résultat des activités opérationnelles ajusté a dégringolé de 46%, à 93 millions d'euros.

Ce dernier chiffre est conforme aux indications données par la direction fin juillet, quand elle avait secoué les marchés avec un sévère avertissement sur résultats.

Le chiffre d'affaires du semestre, publié à cette occasion, recule de 7% à 1,39 milliard d'euros, la baisse étant de 8% à taux de change constants.

Le directeur général Philippe Vallée a sobrement qualifié ces résultats de "décevants".

A 09H35 (07H35 GMT), le titre Gemalto cédait 1,89% à 44,54 euros, dans un marché parisien en hausse de 0,68%.

Gemalto est en particulier confronté à un trou d'air dans la conversion des Etats-Unis aux cartes à puces, les nombreux intervenants croulant sous les stocks. Or, le pays représente le quart du marché mondial.

En outre, la transition tarde à venir entre la carte SIM traditionnelle --un marché qui ne croît plus en volume, décroît en valeur, et s'est dernièrement "détérioré plus rapidement que prévu" selon M. Vallée-- et l'e-SIM, une carte intégrée aux appareils, dont l'usage reste pour l'instant plus ou moins limité aux montres connectées, aux voitures et à quelques tablettes.

EN ATTENDANT L'E-SIM

Pour le second semestre, Gemalto table sur "la poursuite de la baisse à deux chiffres" de ses ventes sur ces deux marchés clefs.

Au total, le chiffre d'affaires du groupe devrait être stable sur les six derniers mois de l'année, grâce à la croissance des autres créneaux (marchés gouvernementaux, entreprises et surtout internet des objets).

"On voit les stocks se résorber. On va passer dans un marché normalisé (...) à partir de 2018" pour les cartes à puces outre-Atlantique, a prédit Philippe Vallée. Une fois le pays équipé, on va passer dans un schéma classique de renouvellement des cartes existantes, et "on sera plus à même de prévoir la demande et d'adapter nos capacités de production", a-t-il noté.

"Pour l'instant, nous ne voyons pas d'amélioration sur le marché de la carte SIM" traditionnelle, a encore observé le patron de Gemalto.

Et pour sa remplaçante, il reste prudent.

"Nous gagnons jour après jour de nouveaux contrats pour la mise en place de l'écosystème nécessaire pour activer une e-SIM", s'est-il réjoui. "Ce n'est pas une chimère, il y a effectivement une architecture qui s'installe, les acteurs sont prêts !" Mais on ne sait pas encore combien d'objets seront équipés, et à quelle vitesse, a-t-il reconnu.

Le groupe a confirmé son dernier objectif d'un résultat des activités opérationnelles compris entre 200 et 230 millions d'euros au second semestre, ce qui donnerait une fourchette de 293 à 323 millions d'euros pour l'ensemble de l'exercice 2017 (contre 453 millions en 2016).

M. Vallée, qui a plusieurs fois revu ses objectifs à la baisse ces derniers mois, n'a pas avancé de pronostics pour 2018. Il a reporté au début de l'année prochaine la présentation de son prochain plan stratégique.

afp/jh