"Les gérants small&mid cap ont souvent les yeux rivés sur les Etats-Unis. Vous vous intéressez aux valeurs de la zone euro. Pour quelles raisons ?

La principale force de l’Europe réside dans ses valeurs industrielles, présentes notamment en Allemagne, en Suisse, dans le nord de l’Italie, et en Autriche. Beaucoup de ces small&mid cap sont des leaders mondiaux. Au cours des dernière années, les entreprises industrielles européennes ont eu besoin d’innover pour rester compétitives, c’est moins le cas aux Etats-Unis où le coût du travail reste plus faible. Par conséquent lorsque les industriels du monde entier veulent moderniser leur outil de production, c’est souvent en Europe qu’ils viennent chercher leurs équipements.

Quelles sont vos valeurs françaises préférées ?

Il y a parmi les valeurs moyennes françaises des leaders mondiaux très tournés vers l’international et les pays émergents, dans une diversité de secteurs que l’on ne retrouve pas forcément ailleurs. Je pense à Nexans (câbles électriques), Faurecia (équipementier automobile), CGG Veritas (services parapétroliers), ou encore Bureau Veritas (certification), même si, pour ce dernier, la capitalisation boursière dépasse désormais le champ des mid-cap. Il y a sans doute encore des opportunités pour des investissements de long terme sur ces valeurs, d’autant plus qu’elles ont moins bien performé ces dernières années que celles d’autres pays, comme l’Allemagne.
D’autres valeurs comme Ingenico ou Gemalto (systèmes de paiement) sont déjà bien valorisées, mais disposent encore de marges croissance sur leurs marchés. Gemalto va ainsi bénéficier du passage des Etats-Unis à la carte à puce, qui devrait se faire progressivement à partir de 2013. Quant à Ingenico, il a passé des accords dans le domaine du paiement électronique avec Google et PayPal, et devrait également bénéficier de l’engouement des sociétés d’e-commerce pour ses produits.

Quelle est votre opinion sur le secteur automobile, en particulier les équipementiers français (Faurecia, Plastic Omnium, Valeo), vu le contexte actuel ?

Faurecia, Plastic Omnium et Valeo sont des leaders mondiaux sur certains équipements. Ce sont donc des valeurs que nous regardons d’autant plus qu’elles ne sont pas chères du tout. Cependant nous estimons qu’il est encore trop tôt pour se positionner. Nous attendons que les stocks de voitures se réduisent en Europe afin d’établir un scénario d’investissement.
Dans le même secteur, il y a d’autres entreprises françaises bien positionnées, comme le groupe Lisi, qui fabrique des rivets pour l’automobile et l’aéronautique. Il s’agit d’un composant essentiel, très avancé technologiquement, qui pourrait être adopté par les constructeurs automobiles dans le cadre d’une réduction des coûts d’assemblage.

L’indice européen des petites et moyennes capitalisations reste inférieur de 30% à son niveau de 2007. Un rebond peut-il avoir lieu en 2013 ?

Une grande partie de la situation boursière est liée à la crise de la dette. Depuis plusieurs années, les niveaux d’investissements sont faibles et les entreprises préfèrent conserver leur cash en attendant d’avoir plus de visibilité. Mais il y a un besoin de nouveaux investissements notamment dans le secteur des biens d’équipement et si le sentiment économique s’améliore, on devrait voir une reprise des investissements. Pour 2013, même si je ne suis pas exagérément optimiste, il suffirait de pas grand-chose pour qu’on voie une amélioration des chiffres d’affaires et des rentabilités des small&mid cap.
On est en droit d’attendre des croissances de bénéfices de 8% par an en moyenne, certainement plus pour les small cap. Aujourd’hui le marché table sur 5%, autrement dit l’attente est faible et il n’y a pas un risque majeur de révision à la baisse.

Qu’attendez-vous en matière de fusions-acquisitions et d’introductions en bourse ?

Beaucoup de belles sociétés industrielles, avec de bonnes rentabilités, peuvent intéresser les plus gros. Mais pour l’heure, la prudence domine et les fusions-acquisitions, les introductions en bourse ainsi que les rachats d’actions sont rares. Ces opérations ont tendance à s’accélérer quand le marché a déjà redémarré. Cela n’arrivera, à mon sens, que lorsque le sentiment économique se sera amélioré. On devrait avoir, au cours des cinq prochaines années, une accélération des fusions-acquisitions dans le secteur des small&mid cap.
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