WASHINGTON, 15 mai (Reuters) - Donald Trump devrait reporter sa décision sur une éventuelle taxation des voitures et pièces détachées européennes importées aux Etats-Unis et ce report pourrait atteindre six mois, a-t-on appris mercredi de trois responsables de l'administration américaine.

Le président américain éviterait ainsi d'ouvrir un nouveau front dans le conflit commercial entre les Etats-Unis et ses grands partenaires commerciaux, alors que les discussions avec la Chine patinent et que l'inquiétude monte sur les marchés financiers.

Une annonce formelle est attendue samedi, 18 mai, la date initialement prévue pour trancher sur les recommandations du département du Commerce censées protéger l'industrie automobile américaine au nom de la sécurité nationale, ont précisé les hauts fonctionnaires interrogés.

Un porte-parole de la Maison blanche s'est refusé à tout commentaire.

Reuters avait rapporté la semaine dernière que les constructeurs automobiles s'attendaient à un report de la décision de Donald Trump dans la perspective de négociations commerciales plus larges avec l'Union européenne d'une part, le Japon d'autre part.

General Motors, Volkswagen, Toyota et d'autres industriels ont mis en garde ces derniers mois l'administration américaine contre les risques que créerait l'instauration de droits de douane susceptibles d'atteindre 25% sur les voitures et les pièces détachées importées.

La Maison blanche a tenu une série de réunions à haut niveau sur ce dossier ces derniers jours et des hauts fonctionnaires ont déclaré à plusieurs reprises aux constructeurs automobiles s'attendre à un report de la décision.

Le rapport remis en février à la Maison blanche par le département du Commerce visait à déterminer si les importations automobiles nuisaient à la sécurité nationale des Etats-Unis en réduisant la capacité des constructeurs automobiles américains à investir dans les technologies du futur. Ses conclusions n'ont pas été rendues publiques.

OPPOSITION AU CONGRÈS ET DANS LE SECTEUR AUX USA

L'annonce la semaine dernière par General Motors de 700 millions de dollars (625 millions d'euros) d'investissements dans trois usines et d'un projet de cession d'un site déjà fermé a contribué à inciter Donald Trump à reporter sa décision sur les droits de douane, ont expliqué des sources au sein de l'administration à Reuters.

La perspective d'une taxation des importations automobiles suscite par ailleurs une forte opposition au Congrès. La semaine dernière, 159 membres de la Chambre des représentants (79 démocrates et 81 républicains) ont écrit à Larry Kudlow, le principal conseiller économique du président, pour lui demander d'inciter ce dernier à ne pas "imposer des restrictions au commerce susceptibles de pénaliser le secteur automobile et l'économie américaine".

Des membres de l'administration ont déclaré que les menaces de droits de douane sur l'automobile étaient un moyen d'obtenir des concessions de la part de l'Union européenne et du Japon. L'an dernier, Donald Trump avait accepté de ne pas taxer les importations tant que les discussions avec Bruxelles et Tokyo restaient productives.

Selon les industriels, des droits de douane allant jusqu'à 25% sur des millions de voitures et de composants automobiles importés se traduiraient par une augmentation de plusieurs milliers de dollars du coût d'une voiture et pourraient menacer des centaines de milliers d'emplois aux Etats-Unis.

"La conclusion est toujours claire: les voitures ne sont pas une menace pour la sécurité nationale", estime l'Alliance of Automobile Manufacturers, une fédération industrielle dont font partie entre autres GM, Volkswagen et Toyota, dans un communiqué. "Nous sommes très préoccupés par le fait que l'administration continue d'envisager d'imposer des droits de douane sur l'automobile." (David Shepardson, Marc Angrand pour le service français, édité par Juliette Rouillon)

Valeurs citées dans l'article : Toyota Motor Corp, General Motors Corporation, Volkswagen