New York (awp/afp) - Le laboratoire américain Merck a annoncé jeudi inscrire une charge de presque trois milliards de dollars dans ses comptes, estimant qu'un traitement en développement de l'hépatite C avait perdu l'essentiel de sa valeur.

Dans un document adressé à la Securities and Exchange Commission (SEC), le régulateur des marchés américains, Merck a annoncé réévaluer à 240 millions de dollars la valeur de l'uprifosbuvir.

Le groupe a annoncé que cela représenterait une charge de 2,9 milliards de dollars ou, en prenant en compte les effets après impôts, une dépréciation de facto de 1,9 milliard.

Merck a notamment cité "des changements en matière de perspectives de tarification et de débouchés commerciaux" pour expliquer cette décision.

La perte de valeur est d'autant plus notable à l'aune des 3,85 milliards de dollars qu'avait payés le groupe en 2014 pour acquérir Idenix, le laboratoire qui développait alors le futur uprifosbuvir aux côtés de deux autres molécules anti-hépatite C.

Cette lourde charge s'inscrit dans un contexte de baisses des prix sur le marché des traitements de l'hépatite C, connus pour être particulièrement coûteux.

Merck y a lui-même joué une grande part, lançant par exemple fin 2016 sur le marché français un médicament nettement moins cher que ceux de ses concurrents, le Zepatier.

Ce traitement combine l'elbasvir et le grazoprevir, soit donc deux autres molécules que l'uprifosbuvir.

Signe de l'évolution du marché, l'un des principaux adversaires de Merck sur le terrain de l'hépatite - y compris sur le terrain juridique avec des litiges à plusieurs milliards de dollars sur les brevets -, Gilead a prévenu en début d'année que ses revenus seraient bien moindres que prévu dans le secteur.

De son côté, Merck a précisé jeudi que la charge annoncée ne changeait rien à son bénéfice par action ajusté, référence des investisseurs, en 2016, à 3,78 dollars. Le groupe a en revanche revu en nette baisse son bénéfice non ajusté.

L'hépatite C est une maladie qui peut entraîner cirrhose ou cancer du foie. Elle touche environ 185 millions de personnes dans le monde et 350.000 meurent de ses complications, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

afp/rp